C’est sous un soleil de plomb que l’indépendant a répondu avec générosité à nos questions, revisitant son parcours ancré dans les Laurentides, en passant par sa contribution à la construction de la CAQ jusqu’à son départ fracassant en 2024, et le vertige qui peut accompagner la liberté d’être une fois qu’on sort de la structure rigide d’un parti. Clairement, le pouvoir pour Youri Chassin ne se calcule pas en sièges, mais à travers chaque prise de parole portant la voix de ceux qu’il sert.
Un départ fracassant… et voulu.
Celui qui était pressenti, dès l’annonce de sa candidature pour être ministre ne s’en cache pas : « En politique, la difficulté, c’est que c’est très public. Et je pense que c’est ça qui rend les choses peut-être plus blessantes pour l’orgueil. C’est que quand on n’est pas retenu pour une promotion à sa job, c’est probablement juste le patron et nous qui le savons. Quand c’est un ministère qui n’est pas offert, et que tout le monde pensait que… c’est un peu plus [confrontant] ».
Mais attention aux raccourcis : le départ de Chassin ne s’enracine pas dans une simple frustration personnelle. « C’était important que ça fasse boum. Je ne partais pas pour bouder. Je voulais provoquer un électrochoc. Que ça brasse. Que ça force un vrai débat sur la qualité de nos services publics […] Ce n’est pas évident d’avoir de la liberté de parole, tout en vivant l’espèce de déception d’avoir passé 13 ans à construire un parti… pour que la balloune se dégonfle. »
Le vertige
Youri Chassin ne s’en cache pas, cette nouvelle liberté de parole, mais aussi d’être a quelque chose d’excitant, mais elle peut aussi donner le vertige. « Du jour au lendemain, on avait tous les outils en main. Mais plus de cadre. Plus de ligne de parti. Juste la liberté. Le premier réflexe, c’est de se demander : je me pitche où ? C’est grisant, oui… mais aussi inconfortable. »
Inconfortable, peut-être, mais vivifiant car ce qu’on perçoit chez Youri Chassin, au-delà des mots bien pesés, c’est un enthousiasme viscéral. Une envie d’être là. De participer, sans se cacher derrière une ligne de Parti.
« Je suis natif des Laurentides. Je suis un petit gars de Saint-Agathe. J’étais content que la politique me ramène dans ma région […] Saint-Jérôme, même si c’est petit en superficie, c’est gros en termes de population. Et très urbain, ce qui fait qu’effectivement, on a un peu les problèmes de Montréal à une autre échelle. »
De rivaux à amis
Impossible de ne pas revenir sur un événement récent qui a fait grand bruit : la remise de la médaille de l’Assemblée nationale à Marc Bourcier, son prédécesseur et adversaire politique : « Il ne le savait pas. C’était un secret très bien gardé. Moi, j’étais excité comme un enfant. J’étais content de lui rendre hommage », raconte Chassin, visiblement encore sous l’émotion.
« Il a été député, il a été conseiller municipal, il a été maire. Moi, je pense qu’on est capables d’honorer ces parcours-là, peu importe nos couleurs [politiques]. »
Ce qu’on ressent au contact de Youri Chassin, c’est que c’est dans ce dialogue que l’indépendance prend tout son sens. « C’est ça qui rend les choses fertiles. »
Quant à la suite des choses: « Tout le monde me demande si je me représente? Je ne le sais pas encore. Je veux prendre le temps. »
Et de quoi sera fait son été? Alors que certains courent les plages, Youri Chassin entend faire un détour par la bibliothèque de l’Assemblée Nationale : « J’ai un projet d’écriture. Je veux aussi aller à la rencontre des gens cet été. »
Dans tous les cas, attendez-vous à continuer de croiser Youri Chassin dans les événements, partisans ou non, à Saint-Jérôme, et qui sait, peut-être sur une belle terrasse ensoleillée!
MOTS-CLÉS
Saint-Jérôme
Youri Chassin
L'Usine Restaurant Bar Saint-Jérôme
Député indépendant
Balado de l'été