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Reconstruction du CCC : Saint-Jérôme mise sur le dialogue

Photo : Marie Pier Lafleur –

Le nouveau conseil de ville choisit la diplomatie dans le dossier du Centre correctionnel communautaire Laferrière.

Reconstruction du CCC : Saint-Jérôme mise sur le dialogue

Publié le 19/12/2025

La Ville de Saint-Jérôme se désiste devant la Cour d’appel fédérale dans le dossier du Centre correctionnel communautaire (CCC) Laferrière.

Après des années de contestation judiciaire, la nouvelle administration privilégie désormais la voie politique, mais l’avenir du projet demeure incertain.

En janvier 2025, la Cour fédérale avait rejeté la demande de contrôle judiciaire de la Ville, qui souhaitait imposer des consultations publiques avant le projet. Le jugement avait été porté en appel, mais la nouvelle administration, dirigée par Rémi Barbeau, choisit aujourd’hui de tourner la page et de miser sur une approche différente.

« Le site Taillon est un terrain stratégique qui peut être revalorisé de manière tout autre. Il existe fort probablement un autre lieu qui répondra aux objectifs du ministère, tout en respectant notre vision du développement du centre-ville. Nous avons choisi la collaboration et c’est ainsi que nous ferons avancer ce dossier pour le bien de toutes les parties », a affirmé le maire Rémi Barbeau.

Retour sur la contestation judiciaire

Dès septembre 2024, l’ancien conseil municipal avait choisi la voie des tribunaux pour forcer la tenue de consultations publiques. La Ville contestait la décision de la commissaire Anne Kelly, de Service correctionnel Canada (SCC), qui refusait d’organiser ces consultations pourtant prévues dans le processus d’aménagement d’un CCC.

Le maire de l’époque, Marc Bourcier, avait reçu de nombreux appuis. L’Union des municipalités du Québec (UMQ) dénonçait un « non-respect de l’autonomie municipale » et félicitait sa détermination. Le député fédéral de Rivière-du-Nord, Rhéal Éloi Fortin, jugeait regrettable que la Ville soit contrainte d’emprunter la voie judiciaire et parlait d’un risque de « tort irréparable » pour les résidents. Ces soutiens illustraient la volonté de défendre la communauté contre une décision fédérale jugée déconnectée des réalités locales.

Des appuis toujours présents

Au fil des années, plusieurs partenaires avaient également exprimé leur inquiétude : la Chambre de commerce et d’industrie, des établissements d’enseignement, les élus de la MRC de La Rivière-du-Nord, les huit préfets des Laurentides ainsi que l’UMQ. Tous partageaient la crainte que la reconstruction en plein centre-ville nuise au développement urbain et à la vitalité économique du secteur.

Une incertitude juridique

En se retirant des procédures, la Ville renonce à son principal levier judiciaire. Elle ne pourrait retourner devant les tribunaux que si un nouvel élément juridique apparaissait, comme une violation de procédure ou une modification substantielle du projet. Autrement dit, le dossier actuel est clos sur le plan légal.

Le sort du projet repose désormais sur la volonté du gouvernement fédéral. Si Ottawa accepte de rouvrir les discussions, un compromis pourrait être trouvé. Mais si le projet est maintenu tel quel, le centre correctionnel sera reconstruit au centre-ville, sans que la municipalité dispose d’un recours immédiat.

Entre ouverture et risque

La décision de Saint-Jérôme illustre un virage politique : après des années de bras de fer judiciaire, la Ville choisit la diplomatie. Mais ce choix comporte un risque évident : en misant sur la collaboration, elle se retrouve dépendante de la bonne volonté du gouvernement fédéral.