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Saint-Hippolyte: Une course électorale polarisée

Photo : Site web de l’entreprise Aventure Plein Air –

Yves Dagenais remet en question la volonté de sa rivale de protéger les sentiers alors que son conjoint exploite une entreprise d’excursions motorisées dans ces mêmes espaces.

Saint-Hippolyte: Une course électorale polarisée

Publié le 24/10/2025

La campagne électorale à Saint-Hippolyte compte trois candidats, mais deux figures semblent la dominer.

Le maire sortant Yves Dagenais et Isabelle Poulin, établie dans la municipalité depuis près de 25 ans. Dagenais remet en question l’éthique politique de sa rivale, soulevant le fait qu’Isabelle Poulin, candidate à la mairie, s’engage à protéger les sentiers de Saint-Hippolyte alors que son conjoint exploite une entreprise d’excursions motorisées – Aventure Plein Air – qui propose des activités en Jeep et en VTT sur ces mêmes sentiers.

Pour Yves Dagenais, il s’agit d’une question de cohérence. Selon lui, l’entreprise en question contrevient à la protection environnementale. « Le mari de madame Poulin, il est en illégalité depuis la pandémie et puis c’est moi qui ai amené son dossier à la MRC pour le faire rendre conforme », déclare-t-il.

 « Il fait des randonnées de quatre-roues et de Jeep en nature, en bafouillant les milieux humides, en se promenant allègrement dans tous les plans d’eau qu’il peut trouver sur son chemin », affirme-t-il, remettant en question la sincérité de Poulin envers la protection environnementale.

Question de timing

Isabelle Poulin conteste fermement ces accusations, assurant que l’entreprise de son conjoint opère depuis 23 ans sans problème réglementaire. « C’est parfaitement légal. Ça fait 23 ans qu’ils mènent ces activités-là. C’est sur le terrain privé de l’Auberge du lac Morency », explique-t-elle.

Elle insiste sur le fait qu’aucune autorité municipale ou provinciale n’a jamais signalé de problème environnemental avant la campagne électorale. « Il n’y a jamais eu aucune instance gouvernementale ou municipale qui nous a contactés officiellement pour nous dire qu’on ne respecte pas les règles environnementales », affirme-t-elle.

Par ailleurs, Mme Poulin précise qu’il n’y a pas de milieu humide là où opère son conjoint. « En fait, il y a une mare d’eau qui n’est pas un milieu humide. L’environnement est venu il y a 20 ans vérifier ça. Ça n’a jamais été considéré comme un milieu humide. »

« Ça fait 23 ans qu’il n’a jamais dénoncé ça. Il était le conseiller du secteur où l’entreprise de mon conjoint [évolue] ». Pourquoi maintenant, pendant la campagne électorale ? », s’interroge-t-elle.

Chantale Pellerin, candidate au poste de conseiller dans l’équipe de Poulin, estime qu’il s’agit d’une manœuvre politique, précisant qu’utiliser cette « prétendue » non-conformité à des fins politiques, c’est un manque total de leadership. « C’est indigne de la fonction d’un maire. Il doit agir avec équité, responsabilité et décence politique », s’indigne-t-elle.

« On trouve que la tentative de M. Dagenais, qui vise à discréditer un citoyen corporatif, c’est une manœuvre électorale totalement déloyale et irrespectueuse. C’est un entrepreneur qui embauche beaucoup de citoyens de Saint-Hippolyte depuis 23 ans, qui a toujours respecté les règles ».

Des protocoles d’entente qui datent de 2011

L’entreprise Aventure Plein Air détient une accréditation d’AEQ (Aventure Éco-Tourisme Québec), l’une des plus exigeantes en matière d’environnement, de sécurité et de qualité, affirme madame Poulin. Selon elle, cette accréditation a précédé les exigences gouvernementales actuelles.

La candidate a soumis à la rédaction plusieurs documents réglementaires attestant la légalité de l’entreprise de son conjoint et souligne au passage le soutien administratif continu du conseil municipal à cette entreprise. « Depuis 2009, en fait, le conseil municipal a toujours appuyé l’entreprise de mon conjoint ».

Elle précise que depuis 2011, des résolutions et protocoles d’entente ont régulièrement soutenu l’entreprise. Comment le conseil municipal peut-il approuver des protocoles d’entente s’il existe des violations environnementales ?

Le maire a lui-même régularisé l’entreprise

Yves Dagenais reconnait avoir lui-même régularisé l’entreprise qu’il critique, en changeant le zonage à la MRC. « Le schéma d’aménagement a été changé à la MRC pour rendre son commerce à lui conforme. Son commerce est présentement conforme à ma demande de changement de zonage à la MRC », a-t-il confirmé.

Si, en autorisant le fonctionnement de cette entreprise, vous l’avez jugé incompatible avec la protection de l’environnement, pourquoi ne l’avoir pas révoqué ou alors modifié?

Yves Dagenais affirme avoir demandé au conjoint de Poulin de respecter la réglementation sur les terrains municipaux. Selon lui, ces demandes auraient été respectées puisqu’aucune infraction n’a suivi. Cependant, il soutient que sur les terrains privés, l’entreprise opère sans retenue, traversant les boisés et les milieux humides « comme on voit dans les vidéos », dit-il, sans se soucier de la réglementation environnementale.

Le maire pointe un autre candidat au poste de conseiller de l’équipe Isabelle Poulin, Michael Roy, propriétaire de l’entreprise « Ça du chien », soutenant que ce dernier possède un commerce en zone résidentielle non-conforme aux règlements de zonage de la Ville, affirmant qu’il ignorait l’existence d’une pension pour chiens sur le boulevard des Hauteurs. Il rapporte que l’entreprise aurait été fermée, puis rouverte en 2024.

Selon le registre des entreprises du Québec, l’entreprise « Ça du chien » a été enregistrée le 12 juin 2015 à l’adresse 2157, chemin des Hauteurs à Saint-Hippolyte, mais elle a été radiée (sur demande) le 31 juillet 2024. Toutefois, aucune date de fin d’existence n’est déclarée au registre.

Nous n’avons pas pu joindre M. Roy pour obtenir ses commentaires.