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Saint-Jérôme, la ville-centre

Photo Mychel Lapointe

Saint-Jérôme, la ville-centre

Publié le 01/10/2019

MATHIEU LOCAS

Cette chronique n’est pas la plus sexy. En fait, elle est un peu aride. Par contre, je vais tenter d’expliquer la situation de Saint-Jérôme dans son rôle de ville-centre. Situation pour laquelle j’exposerai des faits, sans chercher une solution.
Vos réactions ont été tranchantes sur mon papier selon lequel Saint-Jérôme ne devrait pas payer pour les autres villes dans le dossier du Quartier 50+. C’était blanc ou noir. De la part des Jérômiens, j’ai reçu des fleurs. Des citoyens des villes limitrophes, c’était le pot.
Pour ceux qui ont manqué le texte, je vous apprenais en primeur que Saint-Jérôme était sur le point de dévoiler une entente sur la tarification du Quartier 50+. Après avoir fait bondir le coût d’inscription l’an dernier, Saint-Jérôme s’est assise avec les villes avoisinantes et la santé publique pour trouver un terrain d’entente.
Les citoyens des autres villes revenaient avec l’argument qu’ils contribuent à l’économie jérômienne en magasinant dans nos commerces. Par contre, ces mêmes citoyens oublient que leur présence à Saint-Jérôme a aussi un coût. Si l’asphalte s’use rapidement sur Bélanger et Lamontagne, c’est parce que les citoyens de Sainte-Sophie et Saint-Colomban y circulent pour sortir et rentrer dans leur municipalité. En bout de piste, ce sont les Jérômiens qui paient la facture du truck d’asphalte.
Cet exemple démontre que le concept d’équité n’est pas simple, surtout quand on regarde la différence démographique entre Saint-Jérôme et des villes-dortoirs. Ces dernières ont aussi des dépenses comme le traitement des eaux et la gestion des ordures. Elles ont aussi des exigences gouvernementales, notamment en matière de schéma de couverture de risques incendie. Ces frais sont très largement payés par les taxes résidentielles. Saint-Jérôme a le privilège d’avoir un siège social de la Commission scolaire ou encore la présence d’Hydro-Québec pour leur donner un coup de pouce au budget.
Il y a davantage de commerces à Saint-Jérôme, mais ces commerçants paient plus cher de taxes. Prenez le restaurant Chez Vic, face à l’hôpital. Son positionnement géographique lui donne un avantage par rapport à un casse-croûte de Saint-Hippolyte. Par contre, il doit vendre pas mal plus de poutines que son homologue de Saint-Hippolyte pour avoir le même profit à la fin de l’année, car sa taxe d’affaires est plus salée.
Autre exemple des particularités d’être une ville-centre: les problèmes de stationnement. Tous les jours, de 7 h à 16 h, les résidants des rues Parent, du Palais, Grande-Allée, Léopold-Nantel, Lachaîne, du Plateau, Saint-Joseph, Bruno-Nantel et Chartrand sont envahis par les automobilistes qui vont au cégep, à l’école Marchand, à l’UQO, au palais de justice ou encore à l’hôpital. Cet envahissement a forcé Saint-Jérôme à mettre en place une navette et un stationnement à l’aréna. Qui paie pour l’autobus? Les Jérômiens!
Les spectacles en plein air de Loud, Patrice Michaud, Mes Aïeux et les autres ont aussi été payés par les contribuables jérômiens. Bien heureux que tout le monde d’ailleurs ait pu en profiter.
Des exemples, je pourrais en nommer jusqu’à demain. Pour revenir à mes discussions avec certains lecteurs dans le dossier du Quartier 50+, ça me renverse encore de savoir que certains contribuables veulent le beurre et la crème. Ils veulent payer moins cher de taxes en s’établissant à l’extérieur, tout en ayant droit aux bas tarifs des contribuables jérômiens.
Une personne me disait: «Moi, je suis à loyer, je ne paie pas de taxes». Faux, faux et re-faux. Un 4 ½ de Saint-Jérôme a de fortes chances d’être plus onéreux que le même 4 ½ à Sainte-Sophie, justement parce que les taxes sont plus élevées. La taxe se retrouve donc cachée dans le loyer.
Comme je le disais en introduction, je n’ai pas de solution. Par contre, quand vous choisissez un lieu de résidence, il y a plus que le compte de taxes à regarder. Il faut voir les services offerts par une ville-centre. Il y a un coût à habiter dans une ville-dortoir, souvent invisible sur un compte de taxes.

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.