Mais vendredi soir, changement de cap : les propriétaires du terrain ont annoncé que l’opération n’aurait finalement pas lieu.
Le 1er décembre, les autorités avaient remis les documents d’expulsion sous la supervision du Service de police et du Service incendie, appuyés par les équipes spécialisées Pacifique et ESIP. Sur place, plusieurs organismes communautaires — La Hutte, Ligne de front Laurentides, Les Gardiens de la rue, Le Book humanitaire — étaient venus offrir écoute et soutien aux personnes concernées.
Le Service incendie rappelait alors que la décision reposait d’abord sur des considérations de sécurité, en raison de la proximité du campement avec des bâtiments et des espaces naturels, et des risques liés au feu.
Selon les intervenants présents, les réactions variaient : certaines personnes étaient prêtes à se relocaliser, d’autres vivaient l’expulsion comme un nouveau choc. « L’itinérance peut arriver à n’importe qui, et le sentiment d’exclusion est très fort », rappelait un intervenant de La Hutte.
Les propriétaires reculent
Vendredi soir, les propriétaires du terrain, Espace Lokalia, ont annoncé qu’ils ne procéderaient pas au démantèlement.
La vice-présidente, Stéphanie Cocozza, affirme que malgré les « pressions » exercées par la Ville, l’entreprise a choisi d’annuler l’éviction afin de respecter sa mission : développer des milieux de vie « à dimension humaine, abordable et accessible ».
« Ce n’est aucunement dans notre ADN corporative d’agir comme on allait le faire », dit-elle.
L’entreprise indique vouloir collaborer avec la Ville pour trouver des solutions « bienveillantes, flexibles et humaines ». Les pancartes installées à la demande de la municipalité ont été retirées.
Mme Cocozza estime qu’une cohabitation demeure possible à court terme, en attendant une solution plus durable « d’ici la saison plus chaude ».
Un révélateur des tensions autour de l’itinérance
L’annulation du démantèlement apaise pour l’instant les inquiétudes immédiates, mais elle ramène au premier plan la question de fond : comment concilier sécurité publique, pression municipale et respect de la dignité des personnes en situation d’itinérance ?
Les équipes communautaires, déjà très sollicitées ailleurs dans la ville, rappellent qu’aucune solution ne peut fonctionner sans accompagnement humain.
De son côté, le CISSS des Laurentides prévoit que son équipe ESPOIR poursuivra ses interventions auprès des occupants pour les informer des options de relocalisation et de soutien.
Entre impératifs pratiques et réalités humaines, le campement de Castonguay–Laviolette devient ainsi le plus récent symbole du fragile équilibre que Saint-Jérôme cherche encore à atteindre.

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