Alice Plouffe, une Jérômienne de 14 ans, a pris part à une expédition thérapeutique orchestrée par la fondation Sur la pointe des pieds, en juillet dernier. Si sa navigation de la rivière Spanish, située au sud de l’Ontario, représente la belle fin d’un chapitre rempli d’embûches, c’est que la vie de l’adolescente avait basculé, 10 mois plus tôt.
Retour en arrière – le 25 septembre 2022, Alice, alors âgée de 13 ans, se plaint à sa mère de difficultés respiratoires lorsqu’elle lève les bras depuis quelque temps. Mettant initialement le problème sur le dos de la fatigue et de l’adolescence, le duo mère-fille décide finalement d’aller consulter dans une clinique de Laval en voyant que le problème perdure.
Là-bas, le médecin examine Alice et remarque une bosse dans son cou. Sans dire tout de suite pourquoi, le professionnel de la santé est sans appel : « vous vous en allez à Sainte-Justine, maintenant! ».
« Rendu là-bas, il n’y a pas eu de salle d’attente, le docteur était là après 2-3 minutes, c’était scan, radiographies et prises de sang. En une heure, à peu près, j’étais devant l’ordinateur avec le médecin. On voyait les grosses bosses qu’elle avait dans le cou et puis sur les poumons. Il a dit : ça, c’est un cancer des ganglions stade 4 », raconte la mère de famille Marie-Pier Ouimet, disant que ses larmes ont tout de suite remonté, car elle souhaitait « être forte pour Alice ».
Pas de temps à perdre
« Je ne savais pas c’était quoi, je ne savais pas comment ça allait fonctionner, alors au début je crois que je ne le réalisais pas vraiment », explique l’adolescente, ayant tout de suite remis sa confiance dans les mains des médecins.
Il faut aussi dire qu’une fois qu’on lui a appris la nouvelle, en ce dimanche 25 septembre, elle n’a pas réellement eu le temps de la digérée, car étant donné que le cancer étant déjà « très avancé », il fallait agir tout de suite. Une biopsie a donc été réalisée le lundi et dès jeudi, la chimiothérapie débutait.
« Les médecins nous ont dit que c’était protocole assez court, mais très agressif, donc c’était cinq cycles de trois semaines de ‘chimio’ », raconte la mère d’une famille cinq, ayant immédiatement arrêté de travailler pour s’occuper de son enfant du milieu.
Surmonter les obstacles
Avec 85% de chances de survie, les chances semblant scientifiquement du côté d’Alice lorsque tout le processus a débuté. Malheureusement pour elle, ce n’est pas la seule chose qu’elle a dû surmonter en cours de route. En octobre, entre deux cycles de chimiothérapie, et alors que ses anticorps étaient « au plus bas », elle souffre de maux de ventre, ainsi que de nausée et apprend rapidement que son cancer s’est propagé dans ses intestins, nécessitant ainsi une opération d’urgence.
En plus de la médication qu’elle prenait déjà, de la chimiothérapie qu’elle recevait jusqu’à mi-janvier, s’ajoutait ainsi la gestion de sa stomie temporaire qui la suivit jusqu’en avril. Mais ce n’est pas tout. Elle aussi subit une seconde intervention chirurgicale en novembre pour se faire retirer un ovaire qui sera conservé à Sainte-Justine dans les années à venir, afin de lui permettre, un jour, de peut-être avoir des enfants.
« À 13 ans, je ne suis jamais dit ‘j’en veux oui ou non’… mais je voulais vraiment avoir la possibilité d’avoir le choix, rendu-là », témoigne l’adolescente, qui tenait à subir l’intervention, bien consciente que cette chirurgie supplémentaire était risquée pour sa santé fragile, d’autant plus qu’elle avait contracté la COVID-19 juste avant.
Vers le prochain chapitre
Lorsque la chimiothérapie fut terminée, en janvier, on annonça officiellement à Alice qu’elle était en rémission. Après une intervention supplémentaire en avril pour lui retirer sa stomie et plusieurs mois de cours en ligne, l’étudiante de deuxième année du secondaire put progressivement revenir à « sa vie normale », débutant par un retour en classe, à l’École secondaire des Hauts-Sommets.
Avec ses cheveux qui repoussent et des rendez-vous de suivis médicaux qui s’espacent de plus en plus, elle peut maintenant dire que ce chapitre de sa vie appartient maintenant au passé, bien qu’il l’ait marquée à tout jamais.
« Ça m’a juste appris que je devais profiter de chaque jour, chaque instant que j’ai, car tout peut arriver à tout moment et je dois donc en profiter au maximum », exprime celle qui a notamment recommencé la danse et qui, inspirée de ceux qui l’ont aidé sur sa route vers la guérison, rêve un jour de devenir médecin en anesthésiologie.
Tous pour Alice
C’est d’ailleurs quelque chose qui est beaucoup ressorti de cette rencontre entre Infos Laurentides, Marie-Pier Ouimet, Alice et son plus jeune frère, au parc Schultz de Saint-Jérôme : de la reconnaissance. Celle-ci se fait sentir envers tous ceux qui l’ont aidé, cette « famille de Sainte-Justine » et aussi tous les organismes qui leur ont prêté main forte. « Sans eux, honnêtement, on aurait été à la rue », ne cache pas la mère d’Alice.
De ceux-ci, il y a notamment la fondation Sur la pointe des pieds, qui lui a permis de « reprendre confiance et estime de soi », ou encore la fondation des Canadiens pour l’enfance, qui ont mené Alice sur la glace du Centre Bell, accompagnée par nul autre que Cole Caufield. Et puis, par-dessus, le support familial fut la pierre angulaire qui permit de traverser cette épreuve.
« Ç’a été quelque chose pour tout le monde et je pense que ça a rapproché tous les frères et sœurs ensemble. Ç’a permis une cohésion plus saine… ç’a renforcé la famille et je me dis aujourd’hui qu’on n’a peut-être pas passé à travers tout ça pour rien », conclut Marie-Pier Ouimet.
« Il a eu du positif quand même! », renchéri sa fille qui, ayant maintenant vaincu le cancer, veut justement et plus que jamais, voir tout le positif que la vie a à lui offrir.
À cet effet, tous les détails sur le périple d’une dizaine de jours d’Alice sur les eaux ontariennes, ou encore sur la mission de la fondation qui l’a rendu possible sont disponibles sur le site web pointedespieds.com.
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Saint-Jérôme