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Infirmier du CISSS des Laurentides : Il quitte Toulouse et choisit Saint-Jérôme

Bien qu’il dépense davatange en randonnées, Jérôme André s’est très bien adapté aux Laurentides – Photo : Jérôme André.

Infirmier du CISSS des Laurentides : Il quitte Toulouse et choisit Saint-Jérôme

Publié le 20/05/2023

Afin de pourvoir à la pénurie de main-d’œuvre de plus en plus omniprésente, le CISSS des Laurentides a de plus en plus recours à l’aide de travailleurs internationaux. En 2022-2023 uniquement, 145 embauches ont été effectuées à cet effet et d’autres pourraient bientôt s’y ajouter, alors que le CISSS a participé à une mission de recrutement en Tunisie, d’avril à mai dernier.

Au-delà des travailleurs, ce sont avant tout des humains qui décident de quitter leur terre natale pour s’installer dans les Laurentides. Pour mieux comprendre et ainsi mettre quelques visages sur cet enjeu, Infos-Laurentides est allé à la rencontre de trois de ces personnes, ayant fait ce choix dans les dernières années.

Cette semaine, pour la première partie de ce dossier de trois entrevues, Infos-Laurentides s’entretient avec Jérôme André, infirmier clinicien en bloc opératoire.

Un concours de circonstances 

Originaire de Toulouse, en France, Jérôme André semblait voué à atterrir au Canada. D’abord, son fils lui avait parlé de faire ses études d’infirmier au Cégep de Limoilou, dans la région de Québec. En février 2020, toute la famille s’y rend pour des vacances, et du même coup un peu de repérage. Mais à leur retour en France, la pandémie frappe et le plan tombe à l’eau.

Toutefois, quelques semaines plus tard, le destin remet le Québec dans les plans, alors que l’épouse de Jérôme André, employé d’Airbus, se fait offrir un poste à Mirabel.

« On avait huit jours pour prendre la décision, alors on a finalement dit oui, en arrivant au Québec fin juin, début juillet, se souvient le travailleur de la santé. Et puis moi, en étant infirmier, je ne me suis pas trop posé de question à savoir si j’allais me trouver un travail », a-t-il ajouté.

Le nom et la nature

Au départ, on lui offre un emploi à Montréal, mais c’est « un peu trop loin » de Mirabel, et puis la famille avait une préférence pour la nature « plutôt que la grande ville» . La deuxième option? L’Hôpital régional de Saint-Jérôme.

« Déjà, c’est mon nom. Après ça, c’est à côté de Mirabel et pas trop loin de Montréal, alors je me suis dit ‘banco’, on a trouvé! », a-t-il raconté, en précisant avoir fait sa période d’adaptation de 75 jours dans « grande tente blanche » construite aux abords de l’Hôpital.

« Je ne comprenais pas trop où on m’envoyait au début, mais finalement c’était tout beau et tout neuf. J’ai terminé mes 75 jours en décembre et tout le monde a été sympathique, accueillant et professionnel », témoigne-t-il.

Un monde de différence

Cette période de 75 jours, elle servait à faire valider son diplôme et donc sa spécialisation en bloc opératoire. Toutefois, elle lui a aussi servi à s’adapter à son nouveau milieu de travail

« Le vocabulaire médical n’est pas le même, les médicaments n’ont pas les mêmes noms, alors c’est plusieurs choses comme ça… Ah oui, et tu découvres le TSO (temps supplémentaire obligatoire), ce qu’on n’a pas en France..! », a notamment affirmé Jérôme André.

Cela dit, dans la vie aussi, tout n’est pas pareil, loin de là : « On découvre l’hiver, les saisons… et les façons de penser », commente-t-il, disant tout de même sentir « une grosse charge émotionnelle » de moins sur ces épaules depuis qu’il est arrivé au Canada et qu’il n’est donc plus responsable d’un bloc opératoire complet.

À bras ouvert

Évidemment, même s’il apprend de plus en plus à « vivre au rythme des saisons » comme un Canadien, tout ne peut être parfait. Le système bancaire n’est pas le même et cela « s’annonce complexe » pour son plus jeune fils de 16 ans d’obtenir une équivalence scolaire du Canada à la France. Ah oui, et ici, souvent, « il faut payer pour faire de la randonnée en montagne », précise l’infirmier.

Mais tout de même, le point central de son aventure au Québec demeure l’accueil chaleureux que le Québec lui offre, et ce, depuis les premiers jours.

« Quand on est arrivé et qu’on a eu la voiture de location, on a décidé d’aller se balader pour découvrir le coin. On finit par garer pour regarder la carte et une voiture nous fait signe de baisser la vitre pour finalement nous demander si on était perdu et si on avait besoin d’aide. On était était surpris, je vous jure, parce qu’en France, tu peux crever sur le bord de la route et tout le monde s’en fout! », narre Jérôme André, dont l’aventure jérômienne dura « au moins trois ans », soit la durée du contrat de travail de son épouse.

« Et puis après on verra! » achève-t-il avec ouverture.