Soirée au théâtre

 

MATHIEU LOCAS

Le mardi 21 mai dernier, je quitte Gatineau à 16 h 30. Dix minutes plus tard, j’entends un «ding». Sans même toucher à mon téléphone, je lis: Déclaration du maire de Saint-Jérôme. Plus de deux heures avant le début de la pièce de théâtre, qui a parfois pris des allures de burlesque, nous avions déjà un avant-goût du premier acte. J’arrive à mon domicile jérômien à 18 h 05. Je lis le communiqué du maire. Que du vent. Une page et demie à raconter pourquoi il ne parlera pas.

Pas de temps à perdre, car je veux un bon siège. Pour moi un bon siège veut dire, la dernière rangée, dans un coin. Au théâtre, on aime être près de la scène. Moi non. Je franchis la porte et regarde à l’arrière. La chaise dans le fond à gauche est libre. Arrivé à mon siège, le chef de police Danny Patterson me dit gentiment que les trois chaises du coin sont celles des policiers. Pas de trouble, je prends la quatrième.

Nous sommes à quelques minutes de l’ouverture. Stéphane Maher fait les 100 pas. À plus de 80 pieds de la scène, facile de constater qu’il a les traits tirés. Le rideau se lève. À peine rendu au plafond de la scène, Nathalie Lasalle ouvre son micro et tonitrue au maire de démissionner. La foule se lève et scande: «Démissionne, démissionne, démissionne…»

Marc-Olivier Neveu, co-porte-parole du Mouvement jérômien, s’active dans la salle. Il a passé sa soirée à arpenter les quatre coins de la salle pour rencontrer des gens avant qu’ils aillent au micro. Dans les lignes ouvertes en radio, on appelle ça des questions plantées. Impressionnant cette orchestration pour un jeune homme de 19 ans. Il avoue être plus près des conseillères Nathalie Lasalle et Johanne Dicaire, que de Mario Fauteux. J’ai tout de même un doute. À voir les personnes dans la salle, les acteurs sur les médias sociaux, la sortie bien ficelée avec les médias de Quebecor, j’ai de la difficulté à croire qu’il y a deux groupes contre le maire, mais bon.

Parlant de Mario Fauteux, il était absent. Marc Bourcier, présent au conseil d’avril, brillait aussi par son absence. Face au refus de Stéphane Maher de démissionner, c’est comme si les deux avaient choisi de demeurer dans l’antichambre.

Tout au long de la période de questions, des citoyens réclamaient haut et fort la démission du maire. Une fois terminée, au moins 25 % se lèvent et quittent.

Cette sortie a permis, notamment, au maire de Saint-Colomban, Xavier-Antoine Lalande, de se trouver un siège pour entendre les discussions sur la rue Lamontagne. Après l’arrivée du maire, un jeune homme, aux apparences un peu confuses, arrive avec une veste et un sac aux couleurs de l’armée. Le chef Patterson établit un contact visuel avec l’un de ses policiers. Le jeune homme est escorté vers l’extérieur. Il revient quelques minutes plus tard, sans doute après avoir subi une fouille en règle.

La séance se termine, plusieurs accourent vers le micro pour la deuxième période de questions. On réclame à nouveau la démission du maire, qui demeure de glace.

La séance est levée et le maire a volontairement outrepassé le point 9.2 Période de questions pour les journalistes. Planté debout, derrière un table, les yeux comme un chevreuil, on retrouve Olivier Laniel. «Vous représentez qui? Qui vous paie? Votre contrat a-t-il fait l’objet d’une résolution?»

Servant de chair à canons pour les journalistes, ce représentant de la firme de communication Mercure Conseil (dont le site Internet est moins complet que celui du Ciné-parc St-Eustache) finit par avouer qu’il était l’auteur du laconique communiqué de presse envoyé à 16 h 30. Il était incapable de dire pourquoi le maire s’était sauvé.

La réponse était pourtant simple. Les avocats du maire lui ont sans doute martelé d’éviter les questions pour ne pas laisser échapper de la preuve en vue d’une audience.

Parlant du maire, mettez un vieux 2 $ sur la table qu’il sera absent à la prochaine rencontre du conseil. Le maire suppléant devra mettre beaucoup d’antisudorifique, la chaleur sera sur lui.

Je demeure disponible à mathieu.locas@hotmail.com.