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Un cri du cœur pour protéger les femmes locataires

Courtoisie -Vendredi dernier, lors d’une conférence de presse à Montréal, des organismes de luttes féministes et pour le droit au logement ont interpellé les gouvernements du Québec et du Canada.

Un cri du cœur pour protéger les femmes locataires

Publié le 09/03/2024

Plusieurs organismes défenseurs des droits des femmes et du logement ont alerté sur l’impact dévastateur de la crise du logement au Québec, surtout pour les femmes locataires.


Sept regroupements ont uni leurs voix en conférence de presse vendredi dernier pour demander de protéger les femmes locataires en mettant en place, au plus vite, les mesures structurantes qui s’imposent. 

« Les hausses de loyers incontrôlées participent à l’appauvrissement et à la précarité économique des femmes locataires », soutient Cassandra Desnoyers du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec.

« Les problèmes de logement ont des conséquences directes sur leur santé physique et mentale, plusieurs n’ayant d’autres choix que de résider dans un logement insalubre, trop petit, éloigné de leur travail et de leur réseau, ou encore de subir du harcèlement et de la violence de la part de leurs propriétaire, concierge, voisin ou partenaire », ajoute-t-elle.

En réponse à ces défis, Madame Desnoyers préconise des mesures telles qu’un gel des loyers, accompagné de mécanismes de contrôle, notamment un plafonnement des hausses, la création d’un registre universel des loyers, ainsi que des garanties renforcées contre les évictions frauduleuses.

De son côté, Céline Magontier, du Front d’action populaire en réaménagement urbain, révèle des chiffres alarmants :

« 206 000 femmes au Québec vivent dans un logis ne répondant pas à leur capacité de payer, avec un maigre revenu médian de 24 000 $ par an. »

« Le logement social, sous forme de HLM, de coopérative ou d’OSBL d’habitations, permet d’offrir durablement un toit qui correspond tant à leurs contraintes économiques, qu’à leurs impératifs. Or, non seulement il en manque cruellement depuis des années, mais les gouvernements le sous-financent. »

Elle a ensuite insisté sur la nécessité impérieuse d’actions concrètes : « Les budgets à venir de Québec et d’Ottawa doivent prévoir des investissements permettant la construction d’au moins 50 000 logements sociaux au Québec au cours des cinq prochaines années. »

Une crise qui amplifie les inégalités

La crise actuelle du logement n’épargne pas non plus les femmes immigrées et racisées. Comme le mentionne le réseau d’action qui les représente, elles font face à une discrimination prononcée lors de la recherche d’un logement et elles ne connaissent pas toujours leurs droits et les recours disponibles. De plus, elles se trouvent souvent sans références, historique de crédit ou preuves de revenus.

De même, pour le Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec, la crise actuelle augmente le pouvoir des propriétaires et la compétition entre locataires. Ceci a pour conséquence d’amplifier les inégalités entre hommes et femmes, mais aussi entre différentes catégories de femmes.

« Nous appelons le gouvernement Legault à mettre en place des unités universellement accessibles, adaptables et sécuritaires ; et incluant un financement pour du soutien communautaire. Les fonds alloués au logement social doivent être suffisants et modulés pour tenir compte des coûts réels selon les régions », a indiqué Marie-Ève Desroches, la porte-parole, ajoutant que cette compétition désavantage particulièrement les femmes âgées, autochtones, monoparentales, en situation de handicap et racisées.

Les femmes victimes de violence sont prises au piège

Parallèlement, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes fait mention de l’impact de la crise sur la sécurité et la dignité des femmes victimes de violences :

« Souvent isolées de leur réseau et dans une situation financière précaire en raison de la violence, plusieurs hésitent ou renoncent à quitter leur conjoint violent, faute de logements accessibles. D’autres vivent de l’itinérance ou sont contraintes de vivre dans des logements précaires ou qui ne répondent pas à leurs besoins. Pour celles qui trouvent refuge en maison d’hébergement, leur durée de séjour s’allonge, limitant les places disponibles pour d’autres femmes. »

Ces organisations sont unanimes : elles insistent sur la nécessité de considérer le logement comme un droit fondamental plutôt que comme une simple marchandise. Elles appellent les gouvernements à agir pour éviter que le marché locatif privé, orienté vers le profit, ne continue d’aggraver les inégalités.