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UQO: 1,2 million $ pour faciliter l’accès aux soins en Afrique subsaharienne

Photo courtoisie UQO –

Le professeur Drissa Sia travaillera main dans la main avec le chercheur Éric Tchouaket dans le cadre de ce projet.

UQO: 1,2 million $ pour faciliter l’accès aux soins en Afrique subsaharienne

Publié le 11/04/2025

Deux professeurs de l’Université du Québec en Outaouais, campus de Saint-Jérôme, en collaboration avec des chercheurs burkinabè, mèneront des travaux visant à lever les obstacles liés à l’accès aux soins de santé sexuels et reproductifs en Afrique subsaharienne.

Financé à hauteur de 1,2 million de dollars par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), ce projet de recherche qui reflète la réalité de ces populations vulnérables s’attaque notamment aux barrières liées au genre.

Éric Tchouaket et Drissa Sia, professeurs au département des sciences infirmières de l’UQO et initiateurs du projet, insistent sur « les aspects négligés en matière de santé et des droits sexuels et reproductifs des populations déplacées en Afrique subsaharienne, notamment des personnes migrantes et déplacées internes fuyant les zones de conflit ».

« Et ce qu’on entend par les aspects négligés, c’est le besoin en matière de planification familiale, le besoin en matière de suivi de grossesse […] Le besoin en matière d’assistance en cas de violence basée sur le genre », indique Éric Tchouaket, titulaire de la chaire de recherche du Canada en Économie de la prévention des infections, département des sciences infirmières, UQO, campus de Saint-Jérôme.

M. Tchouaket insiste sur les besoins spécifiques des populations des villes de Ouagadougou et de Kaya (Burkina Faso) — pour qui certains soins demeurent inaccessibles — et la nécessité d’une intervention transformatrice de genre, intégrant l’intersectionnalité. 

Une approche inclusive de genre

Les chercheurs conçoivent la notion de genre au-delà de la distinction simpliste homme-femme. L’aspect de genre du projet, explique M. Tchouaket, renvoie à tous les groupes de populations, « toute la diversité populationnelle ». Selon lui, « on regarde plus la diversité en matière de population déplacée et migrante. Et quand on regarde à l’intérieur de cette population, on a des adolescentes, on a des femmes qui ont des besoins spécifiques ».

Le projet est donc conçu pour atteindre cette catégorie de personne « souvent négligée dans les programmes de prise en charge ou bien les programmes de santé, notamment dans le contexte du Burkina Faso ».

« Quand on regarde les données, les évidences des premières études que nous avons réalisées, on voit qu’en matière d’inégalité de ressources ou bien d’inégalité d’accès, d’inégalité de soins de santé, d’inégalité de santé par rapport à la population générale, cette population est vraiment celle qui reçoit très peu de services. Donc, on souhaite en fait résorber cet écart », mentionne Éric Tchouaket, titulaire de la chaire de recherche du Canada en économie de la prévention des infections, département des sciences infirmières, UQO, campus de Saint-Jérôme.

Photo : courtoisie UQO
Le professeur Éric Tchouaket obtient 1,2 million de dollars pour mener des recherches sur les aspects négligés de la santé et des droits sexuels et reproductifs en Afrique subsaharienne.

Plaidoyer pour des politiques globales de santé

Les chercheurs entendent développer un plaidoyer auprès des décideurs politiques, les incitant à prendre en compte ces populations négligées, souvent forcées de quitter leurs régions d’origine en raison du terrorisme ou des conflits armés. Ces populations, précise le chercheur Tchouaket, se retrouvent concentrées dans des quartiers informels des grandes villes « et n’ont généralement pas de structure adéquate de santé et d’éducation ».

De plus, insiste-t-il, les professionnels de la santé sont parfois confrontés à l’arrivée d’une nouvelle population et ne disposent pas d’assez d’outils pour mieux prendre en charge leurs besoins en matière de santé.

« […] On veut effectivement développer des plaidoyers de prise de décision, ça veut dire qu’on va travailler en interaction directe avec les décideurs, avec les organisations communautaires, les ONG, ce sont des relais un peu de certains organismes sur le terrain pour prendre en charge ces problèmes, on va travailler avec des personnes vulnérables ».

Prévoir les barrières culturelles

Les barrières culturelles peuvent, sans aucun doute, entraver l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. M. Tchouaket reconnaît qu’il s’agit de facteurs à identifier dans le cadre de la recherche. Ce qui va apparaître le plus, prévoit le chercheur, ce sont les aspects liés à la religion, soulignant la complexité de ces interactions.

« La compréhension même de la culture interne de ces populations nécessite d’être prise en compte lorsqu’on analyse les besoins ».

Bien que centré sur le contexte burkinabè, ce projet pourrait manifestement avoir des incidences sur d’autres régions, telles le Québec, en raison, notamment, des défis liés à la migration, et le vieillissement, entre autres.