Autant en littérature qu’en cinéma, le travail de Julie Vaillancourt est en train de « faire un beau voyage » ici comme ailleurs. Alors que son plus récent film, Amazones d’hier, Lesbiennes d’aujourd’hui : 40 ans plus tard, fait actuellement le tour de la planète, Infos-Laurentides s’est entretenu avec l’enseignante de journalisme et cinéma du Cégep de Saint-Jérôme (CSTJ) pour en apprendre davantage sur son œuvre.
« C’est un film qui effectue un retour en image de [la revue] Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui (AHLA), un collectif lesbien lancé à Montréal en 1979. C’était un projet extrêmement marginalisé à l’époque, avec très peu de moyens et donc très peu de financement », raconte celle qui a co-réalisé ce « retour en arrière » en compagnie de Dominique Bourques et de Johanne Coulombe.
Aujourd’hui, elle ne cache pas que les enjeux LGBTQ+ sont parfois encore « tabou », c’est d’ailleurs pour cela qu’elle œuvre à les mettre en lumière, à « engendrer des discussions » à leur sujet, pour qu’ils le soient de moins en moins.
Une tournée internationale
En novembre dernier, la première de film s’est tenue au Image+Nation Festival LGBTQueer de Montréal. Depuis, il roule sa bosse un peu partout sur la planète : en France et en Suisse en avril dernier, au Cinema Systers Film Festival dans le Kentucky, aux États-Unis en mai, au KASHISH Mumbai International Queer Film Festival en juin prochain en Inde et de retour à Paris, au Festival international du film lesbien et féministe à l’automne.
« C’est un beau voyage pour un film indépendant », témoigne l’enseignant de cinéma et journaliste du CSTJ depuis près de 10 ans, heureuse de pouvoir « donner une voix » à ces femmes, 40 ans plus tard.
Dans un club sélect
Une fois cette tournée terminée, le film sera disponible au grand public, possiblement l’année prochaine, alors que le Groupe Intervention Vidéo possède ses droits de diffusion.
En attendant, son travail étant apprécié dans le milieu, elle a récemment appris qu’elle avait été choisie par la Hollywood Foreign Press Association pour faire partie des 300 personnes de l’international (hors des États-Unis) qui voteront aux Golden Globes de janvier prochain. Pour démontrer à quel point elle il s’agit d’une opportunité hors du commun, seuls 13 Canadiens, dont 4 Québécois, font partie du lot.
Rien pour rien
Il n’y a pas qu’au grand écran que Julie Vaillancourt se démarque. En journalisme, elle écrit pour le Magazine Fugues depuis près de 15 ans, ainsi qu’à la revue cinématographique Séquences. Elle a aussi écrit quelques ouvrages, dont le plus récent, en avril dernier, À tout prendre et Il était une fois dans l’Est.
« Ce livre-là, c’est un projet de longue haleine », indique celle qui avait fait son mémoire de maîtrise, il y a 18 ans de cela, sur les deux œuvres qui forment le titre et le propos de son livre, soit celle de Claude Jutras, ainsi que celle d’André Brassard et Michel Tremblay.
« Quand tu fais un mémoire de maîtrise, tu es évidemment toute fière, mais au final, tu sais que ça va finir sur les tablettes de l’université avec seulement ton directeur et ta mère qui l’a lu », ajoute celle qui a renoué avec son directeur de programme, Thomas Waugh, maintenant co-éditeur de la série Queer Films Classics aux éditions McGill-Queen’s University Press, par qui son livre a été publié.
Fière francophone
À l’écran comme à l’écrit, l’objectif de Julie Vaillancourt demeure toutefois le même : « C’est un livre qui fait un beau portrait de la communauté LGBT montréalaise de l’époque, dans les années 60. Cela parle de films courageux… avec beaucoup de tabous! », explique celle dont le livre, parmi la vingtaine publiée par la collection Queer Film Classics, est le tout premier publié en français.
Comme quoi, à l’écrit comme à l’écran, l’œuvre de Julie Vaillancourt semble avoir un point central, soit l’exercice de mémoire : « C’est important de savoir d’où on vient pour savoir où on va en tant que société », indique-t-elle, philosophant sur la devise du Québec, « Je me souviens ».
« Mais on se souvient de quoi en fait? », achève celle qui se donne pour mission de donner sens à l’adage québécois.
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