« Je suis contente [de pouvoir réagir ]parce qu’on pourrait croire qu’il y a une recrudescence comme ce sont des événements concentrés en peu de temps. Ceci étant dit, ce sont trois événements qui sont séparés, qui n’ont pas de lien entre eux et il y a trois raisons différentes », a expliqué Mme Bernard, précisant que malgré le choc causé par ces incidents, ils restent des cas isolés.
Rappel des événements
– 24 juillet, le restaurant Shaker a été criblé de balles dans une attaque qui n’a fait aucune victime. Cet incident fait écho à un crime similaire à Laval, qui a mené à l’arrestation d’un suspect. Les enquêteurs poursuivent leur travail, et le dossier progresse.
– 31 juillet, ce qui semble être une transaction de drogue, a dégénérée à proximité de l’École des Sources, impliquant plusieurs jeunes. Lors de l’altercation, du poivre de cayenne a été utilisé, et une personne impliquée a été écrasée par un véhicule. Quatre individus ont été arrêtés, parmi lesquels trois mineurs et un majeur. Les accusations formelles n’ont pas encore été déposées.
– 1er août : un homme a suivi une autre personne après leur passage au Maxi, avant de la poignarder. Cet incident, qui fait l’objet d’une enquête indépendante, reflète une problématique de santé mentale que les autorités locales prennent très au sérieux.
Sans oublier qu’avant même le début de l’été, le 31 mai, une autre agression a marqué l’imaginaire de la population de par son extrême violence, alors qu’un adolescent a été poignardé tout près de la polyvalente Saint-Jérôme sur l’heure du dîner. L’agression a été vue et entendue par plusieurs témoins, ce qui avait poussé l’école à déployer une « cellule de crise » pour supporter les écoliers qui en sentaient le besoin.
Pas de recrudescence
Malgré l’enchaînement rapide de ces événements, Caroline Bernard insiste sur le fait qu’ils ne constituent pas une recrudescence de la violence dans la région. « La violence chez les jeunes, elle est présente, mais on n’est pas dans une violence urbaine, comme on voit à Montréal. On n’est pas là, on ne veut pas se rendre là », dit-elle avant de parler du projet Gamin, une initiative du Service de police de Saint-Jérôme visant à prévenir la violence juvénile en ciblant les comportements inquiétants avant qu’ils ne dégénèrent.
« On s’est rendu compte que certains jeunes se glorifient de leurs actes, qu’ils se filment et normalisent des comportements violents entre eux. C’est ce qui nous a amenés à mettre en place le Projet Gamin, pour intervenir en amont et empêcher que ces comportements ne s’aggravent », explique Caroline Bernard. Grâce à ce projet, la police a pu établir un contact direct avec les jeunes, les commerçants, et d’autres membres de la communauté.
Même si elle concède que la criminalité chez les jeunes évolue depuis quelques années, Caroline Bernard souligne que les initiatives comme le Projet Gamin permettent d’agir en amont pour éviter une escalade de la violence. « Je pense que chez les jeunes, le comportement ou le type de crime qu’ils font a changé, mais ce sont des crimes qu’on voit apparaître. […] Pour nous, ce ne sont pas des petits crimes. Ce sont des crimes qu’on doit prendre au sérieux. Nos équipes travaillent fort pour patrouiller les parcs, être proches des jeunes et établir des liens solides avec eux », ajoute-t-elle.
Quatre appels par jour en lien avec la santé mentale
Pour Caroline Bernard, le principal défi que rencontre son Service actuellement, c’est la santé mentale. « En 2023, c’est une hausse de 14 % d’appels en santé mentale que nous avons constatée, ce qui représente environ 1 500 appels, soit quatre par jour en moyenne », précise-t-elle. Ces interventions, souvent longues et complexes, nécessitent une coordination étroite avec les travailleurs sociaux et le personnel médical, mais elles mettent aussi en lumière les limites des pouvoirs policiers en la matière. « Nous avons très peu de pouvoirs. La loi sur la protection des personnes dont l’état mental est perturbé : la loi P-38 nous donne seulement le pouvoir d’appeler un travailleur social qui doit ensuite autoriser un transport à l’hôpital ».
En conclusion, même si les défis que rencontre le Service de police de Saint-Jérôme sont à prendre au sérieux, Caroline Bernard tient à rassurer la population, et invite à la prudence les citoyens face à la surexposition médiatique qu’occasionne certains types d’événements. « Saint-Jérôme est sécuritaire, on a une baisse des crimes contre la personne de 5 % et assurément que si on voyait une recrudescence, on mettrait en place des actions. Nous restons proactifs ».
Le Service de police de Saint-Jérôme a commandé une étude à une firme indépendante sur le sentiment de sécurité en milieu urbain. À la suite de cette étude, un plan stratégique sera élaboré, mis en œuvre et communiqué à la population.
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Crimes violents
Caroline Bernard
Saint-Jérôme
Service de police de la Ville de Saint-Jérôme