Vitraux de l’église Sainte-Paule : un patrimoine à préserver

La démolition prochaine de l’église Sainte-Paule, à Saint-Jérôme, suscite déjà des préoccupations citoyennes. Lors du conseil municipal du 18 novembre, Line Chaloux a interpellé les élus afin de proposer la conservation des vitraux de l’édifice, qu’elle juge exceptionnels et porteurs d’histoire. Son intervention a ouvert un dialogue sur la place du patrimoine dans l’avenir de la ville.

Militante de longue date pour la sauvegarde des bâtiments patrimoniaux, Mme Chaloux n’en est pas à sa première bataille. Elle rappelle avoir participé à des actions marquantes, comme l’occupation du Vieux-Palais lorsque sa démolition était envisagée. Grâce à la mobilisation citoyenne, l’ancien palais de justice a été sauvé et accueille aujourd’hui un centre d’exposition. Elle évoque aussi la Maison-Blanche, menacée au centre-ville, où elle et d’autres citoyens se sont enchaînés pour en empêcher la destruction. L’édifice a été préservé et occupé pendant douze ans. Enfin, l’église Sainte-Marcelle, promise à la fermeture, a été reprise par la communauté et demeure active depuis plus de vingt ans. Ces épisodes illustrent son engagement constant pour la mémoire collective.

Au-delà des luttes passées, Mme Chaloux entretient un lien personnel avec l’église Sainte-Paule. Son frère s’y est marié, elle y a participé à des activités et garde le souvenir de l’atmosphère créée par les vitraux. « C’est ce que ça fait des vitraux, ça crée un espace spirituel de paix, d’introspection », explique-t-elle. Pour elle, ces œuvres ne devraient pas disparaître avec l’église. Elle imagine leur intégration dans la future bibliothèque municipale, prévue dans l’ancienne Caisse populaire Desjardins. Les vitraux pourraient servir de séparations intérieures ou être insérés dans les fenêtres, donnant vie à un lieu de savoir tout en préservant une part d’histoire.

« Moi, je pense que le patrimoine, c’est quelque chose qu’il faut protéger parce que sinon, c’est notre histoire qui disparaît. » — Line Chaloux

Cette conviction s’appuie sur une vision plus large : le patrimoine comme capital social. Selon Mme Chaloux, protéger les œuvres et les bâtiments enrichit la communauté collectivement. Elle y voit une valeur ajoutée à l’identité citoyenne et un élément de développement durable. « Chaque individu a besoin d’être rassuré par rapport à la protection de son environnement. », souligne-t-elle, insistant sur l’importance de conserver les traces du passé.

La réponse du maire Rémi Barbeau a été accueillie positivement. Celui-ci a confirmé que la Ville envisageait déjà de préserver certains éléments de l’église Sainte-Paule, notamment les cloches, bénites et porteuses de noms, ainsi que les pierres de l’édifice qui pourraient être réutilisées pour des murets ou des monuments. Le maire a élargi la réflexion à d’autres bâtiments, comme l’aréna Melançon, également promis à la démolition, en évoquant la possibilité de récupérer des éléments significatifs de l’histoire jérômienne. « C’est une très bonne suggestion », a-t-il affirmé, en soulignant la volonté municipale de valoriser le patrimoine.

Mme Chaloux se dit satisfaite de cette ouverture. Elle avait déjà contacté l’équipe responsable du projet de bibliothèque, qui lui avait indiqué que la décision relevait de la nouvelle administration après les élections. Sa présence au conseil visait donc à relancer le sujet et à s’assurer que la proposition soit entendue. Elle entend poursuivre ses représentations auprès des élus et des fonctionnaires, convaincue que la Ville peut évoluer vers une meilleure prise en compte du patrimoine. Elle insiste aussi sur l’importance de créer un comité dédié, capable de réfléchir à la conservation et à la mise en valeur des éléments patrimoniaux, qu’ils soient bâtis ou naturels.