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Danny Paterson part à la retraite l’esprit libre, le cœur au Service de police

Photo: LinkedIn –

Danny Paterson tire sa révérence à la tête du Service de police de Saint-Jérôme après 35 ans de carrière.

Danny Paterson part à la retraite l’esprit libre, le cœur au Service de police

Publié le 21/08/2025

« J’ai le goût de passer du temps à voyager. À chaque retour de voyage, je me disais toujours que c’était trop court. Il y a tant de choses à faire dans la vie, tant de pays à visiter, de cultures à découvrir. […] Plus on vieillit, plus on ressent cette soif d’apprendre et de réaliser que l’on ne sait finalement pas grand-chose. Les voyages offrent cette ouverture unique sur les différentes cultures et nourrissent cette curiosité. »

Après 35 ans de service, Danny Paterson estime avoir fait son temps. L’ancien chef de police de Saint-Jérôme considère avoir beaucoup donné à la police : son dynamisme, sa jeunesse, son sens du devoir. Refusant de s’accrocher au pouvoir, il préfère passer le flambeau. Pourtant, son cœur reste attaché à cette organisation qui l’a vu grandir.

Si Danny Paterson a passé toutes ces années au sein de l’organisation, ce n’est pas par prestige ni par notoriété, encore moins par privilège. Ce qui l’a surtout motivé c’est de « faire une différence dans la vie des gens en redonnant à la communauté ». Son mantra : protéger les plus vulnérables.

La police, pour M. Paterson, est la plus belle profession au monde. Le véritable privilège c’est d’être aux premières loges, en étant les premiers à intervenir lorsque les gens en ont besoin.

De patrouilleur à chef de police

Quand, à 19 ans, Danny Paterson revêtait, pour la première fois, l’uniforme de la police, son père, directeur de police de la Ville de Mascouche, arborait encore le sien. C’est d’ailleurs de lui que Danny hérite l’amour du métier. « J’ai grandi en regardant mon père porter l’uniforme, se souvient-il. « Il me parlait de police avec passion et il m’a transmis cette passion-là. » À ce moment-là, Saint-Jérôme tutoyait le développement, et Danny Paterson y grandissait, gravissant les échelons, jusqu’à devenir, plus tard, comme son père, chef de police.

Il a débuté comme patrouilleur, par un petit contrat de huit semaines, assurant les remplacements pendant les vacances. Il a ensuite été prêté à l’escouade du crime organisé de la Sûreté du Québec durant la guerre des motards. Il a été sergent de relève, puis inspecteur à la gendarmerie. Il a siégé pendant 11 ans au conseil d’administration de l’Association des directeurs de police du Québec, dont quatre ans comme vice-président. Pendant près de neuf ans, il a occupé le poste de directeur adjoint à la sécurité publique et aux services institutionnels, entre autres.

Au début, ce qui pouvait constituer le rêve de n’importe quel jeune de son âge, n’était pour lui qu’un fardeau. Quand pour la première fois, en 2009, on lui a offert le poste de chef de police, Danny Paterson l’a gentiment balayé d’un revers de main. Trop tôt pour devenir directeur de police. Trop jeune pour étreindre de si lourdes responsabilités. Trop soucieux de l’avenir de ses garçons.

D’ailleurs, assure le jeune retraité, il lui fallait du temps pour les voir évoluer en club de hockey. Lui qui, à un certain moment, a rarement vu son père qui enchaînait plusieurs heures de travail par semaine. Ce n’est pas la vie que Paterson voulait pour lui et sa progénitures.

Un leadership exigeant

Paterson se présente comme un chef rigoureux. Authentique, mais exigeant. Il dirigeait par l’exemple, et mettait un point d’honneur à l’image professionnelle, exigeant de ses pairs une apparence soignée, allant de la propreté de l’uniforme à celle des véhicules de patrouille. Il pouvait se soucier de faire ajuster une chemise trop grande chez la couturière, sans pourtant perdre de vue son rôle de protéger et servir les citoyens. « 75 % du travail, croit Paterson, commence par l’image que l’on projette ». « J’avais beaucoup de rigueur là-dessus et j’ai toujours porté l’uniforme impeccablement », affirme-t-il, fièrement.

Alors chef de police, Danny Paterson a toujours tenu à préserver l’indépendance du service de police face au pouvoir politique. Lors de la consultation publique sur le livre vert menant à la réforme policière, il a même rédigé une partie du mémoire de l’Association des directeurs de police du Québec sur ce sujet.

En 2009, alors qu’il était directeur par intérim, Danny Paterson reconnaissait que Saint-Jérôme affichait l’un des taux de criminalité par habitant les plus élevés au Québec. S’il peinait à expliquer pourquoi la situation y était plus marquée qu’ailleurs, il soulignait déjà l’importance de stratégies ciblées. Plus tard, à la tête du service, il a pu compter sur des programmes provinciaux et sur la créativité de ses équipes pour mieux contrôler la criminalité.

Deux défis marquants de sa carrière ont été les coupes budgétaires de 2018 qu’il a refusé d’appliquer au détriment de la sécurité publique et la pandémie de COVID-19, qui a bouleversé les méthodes de travail et exigé une adaptation rapide. Face à l’incertitude, il a choisi de patrouiller aux côtés de ses policiers pour mieux comprendre leurs réalités.

Pour l’avenir, il prévoit que sa successeure, Mme Bernard, devra composer avec la croissance rapide de la ville, l’enjeu de l’itinérance, la pénurie de main-d’œuvre et le transfert de connaissances.

Hors des sentiers de la police

Après 35 ans de service, Danny Paterson laisse derrière lui un legs impressionnant. Le corps policier est passé à 175 membres sous sa direction et s’est doté d’installations modernes à la fine pointe de la technologie. Il se dit fier de la qualité de ses policiers et se sent privilégié d’avoir dirigé une équipe aussi engagée. Il affirme laisser une organisation solide, et prête à absorber les changements qui s’en viennent.

Paterson souhaite prendre le temps d’« atterrir doucement », s’occuper de sa famille et de sa maison, voyager, et peut-être se lancer comme consultant en sécurité publique et administration municipale, en choisissant ses mandats.

Il part à la retraite avec le sentiment d’avoir eu une belle carrière, sans amertume, et toujours amoureux de la profession.