Une grogne qui gagne le monde
On observe depuis plusieurs jours l’explosion de la colère d’agricultrices et agriculteurs européens, qui manifestent en grand nombre pour dénoncer le manque de soutien des gouvernements à leur égard.
Ces agricultrices et agriculteurs, dont le gagne-pain constitue la tâche colossale de « nourrir le monde », croulent sous le poids des mesures environnementales et sanitaires de plus en plus strictes qu’on leur impose, sans qu’ils ne bénéficient du soutien requis pour les aider à s’y conformer.
Ils dénoncent en outre l’hypocrisie de ces règles qui n’affectent pas la concurrence étrangère, celle-ci n’étant pas soumise aux accords de libre-échange en vigueur qui permettent à des produits soumis à des normes beaucoup plus laxistes de côtoyer les produits locaux.
Loin d’être un problème strictement européen, les enjeux agroalimentaires sont d’intérêt pour l’ensemble des populations des quatre coins du monde y compris pour nous, Québécoises et Québécois, qui sommes soucieux de soutenir notre milieu agricole et d’assurer notre accès à des aliments sains, abordables et respectueux de l’environnement.
La colère ambiante semble non seulement justifiée, elle est également nécessaire pour impulser les changements requis pour assurer la réalisation du droit fondamental à l’alimentation. Ce droit, formellement reconnu par le Canada et par la plupart des pays européens, oblige les gouvernements à assurer à la population sans discrimination un accès physique et économique stable à une alimentation adéquate et respectueuse des exigences environnementales.
Sa réalisation implique donc que les gouvernements abordent les enjeux alimentaires de front et de manière systémique, sans négliger les transformations de fonds qui seront nécessaires et qui incluent, entre autres, le soutien aux personnes qui cultivent la terre, l’accès à un revenu suffisant et à un logement abordable pour l’ensemble de la population, la lutte contre les discriminations qui minent l’accès à une alimentation adéquate et la transformation de nos moyens de produire, de transformer et de distribuer les aliments.
« Le droit à l’alimentation implique également que les gouvernements prêtent une oreille attentive aux revendications de la population, y compris celles des agricultrices et agriculteurs qui sont aux premières lignes pour lever le voile sur les incohérences de nos systèmes alimentaires », souligne Me Jessica Dufresne, chargée de projet Droit à l’alimentation au RCCQ.
Le RCCQ sait que le Québec, vaste territoire nourricier riche de toutes les personnes qui y produisent et consomment des aliments dont nous avons de quoi être fiers, est mûr pour ce vent de changement. Il nous appartient donc collectivement de nous mobiliser autour du droit à l’alimentation parce que ce droit, il est pour tout le monde.
Regroupement des cuisines collectives du Québec
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