À près d’un mois de la fermeture de l’aréna Melançon de Saint-Jérôme, le 23 juin prochain, Infos-Laurentides s’est rendu sur les lieux pour offrir une dernière visite à ses lecteurs. Pour ce faire, c’est le maire de la Ville, Marc Bourcier lui-même, qui a bien voulu servir de guide au cœur du mythique bâtiment construit en 1952.
D’entrée de jeux, un employé municipal ouvre la porte du hall et les souvenirs refont surface. « Cette partie-là avait été construite pour les Jeux du Québec que Saint-Jérôme avait accueilli en 1987, ça, c’était quelque chose à l’époque… », raconte-t-il, mentionné « supporter à fond » la candidature de la Ville de Blainville à ces Jeux de 2026.
En montrant la plaque des jeux de l’époque, la question des objets qui seront conservés après la fermeture vient sur la table : « ce sera aux travaux publics de décider », note le maire, en ajoutant qu’encore ce matin, 9 mai, un citoyen l’a approché à savoir si les bancs aux mille souvenirs de l’aréna allaient éventuellement être disponibles.
Le quartier général du hockey jérômien
Une fois sortie du hall, on tombe face à face avec l’ancienne boutique, bien entendu fermée depuis le départ des Panthères de Saint-Jérôme. Ensuite, il y a les bureaux. Ce fut celui du hockey mineur, des Panthères… et de leurs prédécesseurs.
« C’était avant les fusions et ça donnait lieu à bien des rivalités, par exemple à Saint-Jérôme c’était les Alouettes et à Saint-Antoine c’était les Rapidos », indique-t-il, en spécifiant que c’est aussi là que se trouvait le bureau de Gilles Perreault, responsable de l’aréna pendant de nombreuses années.
« À l’époque, ici, il y avait dieu, mais ensuite c’était Gilles Perreault! », métaphore-t-il.
Entrée gratuite?
À la sortie du bureau, virage à gauche et visite rapide des toilettes des hommes sous un léger parfum d’humidité. Tout de même, la peinture n’est pas trop mal. Il faut dire qu’elle a été refaite à quelques reprises dans les 70 dernières années puisque, comme le rappelle le maire : « cela servait aussi de fumoir à une autre époque ».
Une fois sortie, maintenant vers la droite, il y a la toilette des femmes, l’entrée du sous-sol, avec une porte de sortie les séparant.
« En se rendant aux toilettes, à l’entracte, les gens s’accotaient sur la porte. C’était comme ça que leurs amis pouvaient [discrètement] entrer sans payer », narre le maire, semblant un peu trop familier avec le tour de passe-passe en question, mais bref.
Vers les catacombes
En route vers le sous-sol. Ceux qui sont déjà entrés dans le sous-sol non rénové d’une maison centenaire ayant traversé quelques déluges reconnaîtront l’ambiance. En plein milieu des marches… un urinoir, encore fonctionnel, mais qui se déverse juste à côté…
« C’est assez spécial comme emplacement et ça fait toujours réagir les gens », commente Marc Bourcier avec sourire, lançant l’hypothèse que cet « emplacement privé » servait à la sécurité, les policiers ou les employés.
La salle de contrôle
En descendant les marches restantes, on voit la salle de contrôle, dont l’ambiance mélange celle de l’Étoile noire de la Guerre des Étoiles et du Titanic. L’ordinateur aussi est encore fonctionnel, le maire l’allume et on aperçoit la vieille interface Windows.
« Et ce n’est pas le plus vieil ordinateur qu’il y a eu ici. La première fois que je suis venu, je pensais que c’était un Commodore 64 », témoigne le maire, indiquant que la pièce était réservée à un autre grand administrateur de l’aréna Yves « Gaga » Bertrand.
La salle des machines
Passé la salle de contrôle, on entre dans la salle des machines. « Back to the future », lance le maire avant d’ajouter : « c’est comme si on était dans une capsule temporelle ». Encore une fois, le plus surprenant est que la plupart de ces machines demeurent fonctionnelles. Sont-elles aux normes? Ça, c’est une autre histoire.
Mais en parlant de capsule temporelle, l’exemple du système de réfrigération est encore plus frappant. Dans le mince corridor y donnant accès, la chaleur est suffocante et c’est le paradis des toiles d’araignées qui, même elle, semble avoir construit leur maison dans les années 80.
De retour en haut
Après avoir fait le tour du bas fond de l’aréna, on remonte complètement, et donc, sur la galerie de presse. C’est là que les souvenirs remontent.
« La capacité était de 2 500, mais je crois qu’il y avait 4 000 personnes pour voir Guy Lafleur face aux Alouettes [en 1970]. Les gens grimpaient sur les colonnes pour avoir une meilleure vue, c’était une autre époque », récite Marc Bourcier.
Et puis, les événements sportifs de toutes sortes y ayant eu lieu en plus de 70 ans sont énumérés, en fait, pas que sportif. « Il y avait aussi les fameuses dégustations de homards du Club Optimiste quand la saison de hockey se terminait. Cela pouvait sentir pendant trois semaines après ça », se remémore-t-il avec nostalgie.
Mais avant de verser une larme, on se dirige vers la sortie, mais avant petit arrêt dans le vestiaire qui fut autrefois aussi… un « stand » de tir. Assez multifonctionnel comme aréna, bien que c’était d’une autre époque. De cette époque, les souvenirs resteront, mais la page se tournera dès le 23 juin prochain… À suivre dans le mot de la fin.
Le mot de la fin
À la conclusion de la visite guidée de l’aréna Melançon offerte par le maire Marc Boursier, Infos Laurentides est revenu sur la décision ultime qui scellera le destin des activités de l’immeuble le 23 juin prochain.
« On est tous un peu émotifs quand on parle de ‘Melançon’ », ne cache pas le maire, poursuivant en disant : « … mais c’était un malade condamné ».
Pour ce qui est des coûts complets de rénovation, évalués à 45M$, il réitère qu’il s’agit là du montant minimal. « C’est toujours ça le problème, tu sais où ça commence, mais jamais où ça ne finit! ».
Manque de temps… et de chance
En arrivant au conseil municipal, en 2013, Marc Bourcier dit avoir essayé de rénover l’aréna, commandant même une étude à cet effet, « dans le temps où tout n’était pas cher ».
« À l’époque, c’était évalué à une vingtaine de millions, mais déjà là, il était minuit moins une pour le faire… », indique-t-il, alors que pour en rien n’aider la cause de l’aréna, le maire note que son fer à cheval chanceux a disparu à la même époque…
« Pendant cinq en, l’aréna est resté pris dans le temps, rien n’a bougé. C’est une autre manière de penser, tu gèles les taxes, mais tu obtiens moins », ajoute-t-il, ne s’accordant pas vraiment avec la mentalité de l’ancienne administration.
Décision à venir cette année?
Avec la fermeture d’annoncée, la suite, soit possiblement une démolition pour aussi l’être d’ici la fin de l’année selon le maire. « Plus tu attends, plus c’est cher », note Marc Bourcier, spécifiant que ce sera tout de même au conseil d’en décider.
En attendant, tout en pensant à ses vieux souvenirs à l’aréna, le maire se réjouit tout de même de ce qui approche, alors que la construction de la patinoire du Canadien de Montréal pourrait débuter au retour de la Fête des Patriotes, à la fin du mois de mai.
« La patinoire sera prête cet automne, pour le toit ça risque d’aller à l’automne 2024. Rendu-là, tout le club [du Canadien] va venir pour l’inauguration […], ce sera bon pour Saint-Jérôme », achève le maire en poste depuis 2021.
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