On l’a vu en conférence, en spectacle, en réunion — et plus récemment, sur une terrasse, le temps d’un balado, d’un verre « pas plate » et d’une entrevue vraiment pas plate non plus.
À force de le croiser, on pourrait craindre de se répéter. Pourtant, une chose revient toujours : sa capacité hors norme à captiver. Peu importe l’angle ou le sujet, Rioux nous aspire dans son vortex de passion et d’énergie.
François Rioux appartient à cette catégorie rare de gens pour qui rien n’est jamais trop gros. « Si ça me fait peur, c’est bon signe », dit-il. Champion canadien de tennis, maître d’enseignement aux HEC, diplômé de l’École nationale de l’humour… pourtant, quand on lui parle d’excellence, il devient presque mal à l’aise : « Je laisse les autres juger de cela. L’excellence, pour moi, c’est relatif. Ce qui compte, c’est : est-ce que je me dépasse ? Est-ce que je pousse les autres à se dépasser ? »
Le plus grand brainstorm jeunesse du Québec
Ce mouvement constant l’amène à imaginer des projets qui dépassent la norme. Alors que la direction générale des Jeux du Québec suffirait à en épuiser plus d’un, lui s’enflamme pour son « nouveau bébé » : la Joute créative. « On veut que ça devienne le plus grand brainstorm jeunesse de l’histoire du Québec. C’est un peu inspiré des TED Talks, mais version terrain : des centaines de jeunes du secondaire, réunis dans un gymnase, qui relèvent des défis lancés par Ubisoft, Télé-Québec ou le CHUM, et qui viennent pitcher leurs idées devant un jury. »
Pour nourrir cet appétit pour les projets démesurés, il faut aussi être à l’aise avec l’inconnu. « J’ai toujours bien géré l’ambiguïté. Me dire : “C’est quoi la prochaine étape ? Qu’est-ce qui va se passer ? Ça va m’amener où ?” Je n’ai jamais vraiment eu peur de ça. »
C’est cet état d’esprit qui, bien avant les Jeux, l’a conduit à prendre les rênes d’Edphy International au tournant de la trentaine. « C’est une grosse institution, Edphy. Camps de vacances, camps de jour, accueil de groupes. Quand j’ai quitté, 35 % de la clientèle venait de l’extérieur du Canada. C’est une grosse bébelle. Mais c’est bon. C’est pour les jeunes. »
« Je le sentais »
Même après son entrée au HEC, les opportunités imprévues continuent de surgir.
« Je reçois un coup de fil de M. Louis-Jacques Fillon. Il me dit : “J’ai pensé à toi pour donner une conférence… demain soir.” » Il accepte. Sur un coup d’instinct. « Je dis à ma conjointe : je vais donner une conférence ce soir. Elle me demande : “T’es-tu payé ?” Je dis non. Elle capote. Mais je le sentais. Il y avait peut-être 22 personnes dans la salle. Mais je l’ai jouée comme si c’était 2000 ».
Aujourd’hui, sa carrière d’enseignant l’a mené en Chine, en Afrique… mais peu importe la salle ou l’auditoire, il fait confiance à son coffre à outils — dans lequel l’humour occupe une place importante.
« L’humour, bien utilisé, c’est un outil de communication incroyable. Ça capte l’attention, ça crée un climat, ça rend l’information plus mémorable. Même aux HEC, qu’on perçoit souvent comme une institution un peu rigide, j’ai animé des événements devant la direction. Des fois, je me demandais : est-ce que ça va passer ? Et quelques jours plus tard, je croisais un directeur dans le corridor qui me disait : très drôle, bravo. »
Ce qui force l’admiration, c’est qu’un ancien champion d’un sport individuel — le tennis —, un professeur au HEC qui se tient seul devant une classe, un diplômé de l’École nationale de l’humour habitué à se débrouiller seul sur scène, parvienne à opérer un tel pouvoir d’attraction. Mieux : à galvaniser les gens autour de lui et à transformer des projets collectifs et à mobiliser des personnes par millier.
Alors, je lui demande : « Te pinces-tu parfois ? »
Il répond du tac au tac : « Non ».
Et son sourire en coin laisse deviner que, dans sa tête, le prochain coup est déjà en train de se jouer… et qu’il ne sera pas petit.
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