Le climat est devenu intenable selon ses infirmières et employés qui décrivent des scènes de chaos : insultes hurlées, chaises projetées, patients effrayés. Dans la cafétéria, des personnes intoxiquées s’effondrent sur les tables, d’autres volent des plateaux de nourriture.
« Nous ne sommes pas protégés. On nous traite comme des numéros. Et si nous sommes traités ainsi, imaginez ce que vivent les usagers les plus vulnérables. »
« Les infirmières hésitent à sortir vers leur voiture une fois la nuit tombée, par peur de croiser des individus agressifs. »
Voici ce que racontaient des infirmières rencontrées sur leur lieu de travail vendredi dernier.
L’an dernier, trois ou quatre personnes en situation d’itinérance fréquentaient l’hôpital chaque nuit. Aujourd’hui, on en compte près d’une vingtaine, passant de quelques incidents par nuit à plus d’une dizaine désormais, précisent certains agents de sécurité.
« Cette année, ça explose. C’est l’enfer. »
Les agents dénoncent des agressions directes, des directives contradictoires et un sentiment d’impuissance. On leur demande de poser des questions intrusives, comme sur leur santé mentale ou pour vérifier si les personnes sont itinérantes, ce qu’ils jugent hors de leur rôle.
« On nous demande de poser des questions qui ne sont pas de notre compétence. »
Un homme, d’abord calme, a soudain explosé : deux coups de poing sur la tempe d’une agente, blessée à l’œil pour plusieurs jours. D’autres agents se sont fait arracher des cheveux, crachés au visage et lancés des objets.
Ces gestes troublent la paix et accentuent le sentiment d’insécurité. Mais ils donnent aussi une mauvaise image des personnes en situation d’itinérance alors que plusieurs cherchent simplement un refuge ou un répit, sans poser de problème.
Le constat des Gardiens de la rue
Mélanie Poirier, des Gardiens de la rue, s’est rendue sur place au début décembre. Elle a observé entre 10 et 15 personnes en situation d’itinérance dans les espaces communs de l’urgence et de la cafétéria.
Elle décrit des comportements perturbateurs : intoxication, crises de détresse psychologique, altercations nécessitant la sécurité ou la police. Des armes blanches ont même été confisquées.
Au‑delà des incidents, elle souligne le désarroi du personnel : inquiet, contraints d’agir sans moyens adaptés pour protéger les patients. Elle insiste sur la nécessité d’un dialogue entre institutions et organismes communautaires afin de trouver des alternatives à l’hôpital, qui n’est pas conçu pour servir d’abri de fortune.

Violence et débordement à l’hôpital de Saint‑Jérôme.
La réponse du CISSS des Laurentides
Juliette Lacasse, conseillère en communication pour la Direction des communications et des affaires corporatives au CISSS des Laurentides, précise :
« Effectivement, l’itinérance est un enjeu collectif social important qui a pris beaucoup d’ampleur dans les Laurentides au cours des dernières années. »
Elle rappelle qu’un plan régional des mesures hivernales a été élaboré : mécanisme d’alertes, grands froids, distribution de 750 sacs d’urgence, mobilisation de partenaires communautaires.
« Nos installations doivent être des espaces inclusifs, où chacun peut se sentir accueilli avec dignité, quelles que soient les circonstances. »
Le CISSS insiste toutefois : l’urgence de l’Hôpital de Saint‑Jérôme ne peut être considérée comme une halte‑chaleur. Il rappelle que des ressources spécialisées sont déjà en place ailleurs dans la région des Laurentides, notamment grâce au programme ESPOIR, qui offre de l’intervention directement auprès des personnes en situation d’itinérance, là où elles se trouvent.
Une mobilisation citoyenne
Une pétition demande une révision de l’accès à l’urgence de l’hôpital de Saint‑Jérôme. Elle a déjà recueilli plus de 1600 signatures. On peut y lire :
« Nous croyons qu’il est possible d’assurer la sécurité du personnel et des usagers tout en répondant avec dignité aux besoins des personnes en situation d’itinérance. »
Vers des solutions
L’hôpital de Saint‑Jérôme est fragilisé et le constat communautaire de Mélanie Poirier et la mobilisation citoyenne soulignent l’urgence d’agir.
Le CISSS réaffirme son engagement à soutenir les personnes vulnérables, mais insiste : des ressources spécialisées doivent être mobilisées ailleurs.
Pour signer la pétition : cliquez ici.

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