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« Un petit rien nous fait brailler »

« Un petit rien nous fait brailler »

Publié le 18/11/2022

Il a 91 ans. Elle, 72 ans. Le couple est désemparé forcer de quitter leur condo, acheté il y a moins de dix mois. Personne ne comprend leur désarroi, le même que 47 autres copropriétaires de trois immeubles, situés sur la rue Castonguay, à Saint-Jérôme, menacés d’une démolition.

« Je suis assommé. Je ne sais pas comment je vais faire pour payer mon hypothèque de 1100$ par mois ici, en plus d’ajouter un autre 1500$ pour un nouveau logement. Nous n’avons que nos pensions de vieillesse. Ce n’est pas drôle », exprime Gérard Samson, qui ne fait vraiment pas ses 91 printemps. 

Si M. Samson demeure fort dans l’épreuve, sans être inébranlable, sa femme Paulette, elle, est plus troublée.

« Un petit rien nous fait brailler. Nous allons numéro un », dit-elle montrant l’index inversé en doigt d’honneur.

« Nous sommes dans la merde. Je suis rongé par le stress. L’anxiété m’empêche de dormir la nuit. Je ne suis plus fort comme à 20 ans ni 40 ans. Personne ne nous répond en plus », déplore l’octogénaire, les yeux mouillés. 

Une fenêtre comme sortie de secours 

Non seulement, les boîtes ne sont pas encore complétement vidées de l’ancien déménagement, que le couple doit vivre dans un logement avec de grosses rénovations, exigées par la Régie du bâtiment du Québec. Des travaux, entamés l’an passé, qui ont permis d’éviter une éviction sur le champ.

La porte patio est condamnée. Le salon est rétréci avec un mur intérieur de planches 2 par 6, le plafond est ouvert et l’extérieur est clôturé. La sortie de secours est dorénavant une fenêtre au-dessus de la table de cuisine de 2 pieds par 3 pieds.   

« Pour nous, c’est comme la fin du monde », lance Mme Paulette, en se levant de la chaise pour se diriger vers sa chambre à coucher en se déplaçant difficilement souffrant d’une paralysie partielle. 

« Avoir su, nous n’aurions jamais vendu notre maison à Terrebonne. Nous avions décidé de s’établir dans un condo sur un seul plancher pour faciliter les déplacements de ma femme. Mais là, on risque de tout perdre », ajoute le bon vivant monsieur en se frottant un œil avec la main pour assécher ses larmes.  

La ville et le gouvernement disent non

Devant une sortie sans issue, les Samson, de même que les autres « victimes » ont demandé l’aide de la Ville de Saint-Jérôme. Les immeubles du 600, 620 et 640, rue Castonguay, ayant été mal construit, il y a 30 ans.

« Nous avons acheté ici après trois visites parce que c’était bien à 205 000$. Nous disions être en sécurité puisque la ville doit vérifier les travaux lorsqu’elle octroie un permis de construction à un entrepreneur. Aujourd’hui, on refuse de porter le blâme »

Devant ces copropriétaires découragés venus supplier la ville de les aider lors d’un conseil municipal, le maire, Marc Bourcier, a répondu qu’il ne pouvait s’immiscer dans un conflit de nature privée.

La visite chez le député caquiste de Saint-Jérôme, Yourri Chassin a été de courte durée. « C’était non à toutes nos questions. M. Chassin semblait avoir peur de répondre à une question qui aurait pu mettre son gouvernement dans le trouble. Très déçu », déplore celui qui a été forgeron une bonne partie de sa vie avant de cesser de travailler à l’âge de 85 ans au volant d’un autobus.

Rappelons que les copropriétaires, dont certains ont acheté il n’y a que quelques mois, doivent trouver le moyen de convaincre leurs banquiers de leur avancer un 2e hypothèque de l’ordre de 220 000$ chacun pour éviter le déménagement, eux qui sont déjà aux prises avec un 1ere hypothèque. Une demande financière quasi impossible à obtenir d’où la déchirante décision de certains d’avoir déjà remis leurs clefs à la banque.