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12 hommes en colère s’arrêtent à Saint-Jérôme

Photo courtoisie –

Jean-Bernard Hébert et les comédiens de la pièce 12 hommes en colère ramènent ce classique sur scène, près de 70 ans après sa création.

12 hommes en colère s’arrêtent à Saint-Jérôme

Publié le 22/10/2025

Près de 70 ans après sa sortie cinématographique, la pièce « 12 hommes en colère » est-elle toujours d’actualité, correspond-t-elle à la réalité ?

Fier d’affirmer qu’elle est plus pertinente que jamais, Jean-Bernard Hébert, qui fait partie du casting en plus d’en être le producteur, jure que la pièce est d’une actualité « renversante ». Voilà pourquoi il la présentera au grand public ainsi qu’à des groupes d’élèves lors de son passage au Théâtre Gilles-Vigneault, les 26 et 27 octobre.

Une pièce incontournable. Dans un entretien accordé à Infos Laurentides, Jean-Bernard Hébert n’en démord pas. Le propos de cette pièce écrite en 1954 par l’Américain Reginald Rose dépeint un climat sociétal rempli de préjugés et d’influences diverses sur la base des apparences toujours bien présent, que l’on soit en 1954 ou en 2025.

Imaginez. Ayant pris part à un procès en tant que juré, l’auteur Reginald Rose a décidé d’en transposer les grandes lignes dans l’écriture d’une pièce. Il y est question d’un patricide, celui commis – supposément – par un adolescent de 16 ans sur son père. Tout accable le jeune latino-américain, si bien que l’ensemble du jury croit en sa culpabilité et s’apprête à le condamner à la chaise électrique. À l’exception d’un seul, qui sème le doute et forcera les onze autres jurés à rediscuter jusqu’à l’unanimité des voix.

La pièce se déroule en 1957, à New York, sous forme d’un huis-clos. Dans cette nouvelle version, le comédien Hébert s’étant commis à la produire en l’an 2000, celui qui sème le doute est interprété par Claude Prégent. Dans le groupe, on retrouve Jean-Pierre Chartrand, Jean-Bernard Hébert, Hugo Giroux, Sébastien Dodge, Marc-André Poliquin et Philippe Thibault-Denis.

Le metteur en scène a pris soin d’assurer une distribution diversifiée : des acteurs séniors autant que des jeunes, qui campent des personnages au profil très différent, les uns des autres.

C’est l’acteur bien connu Alain Zouvi qui assure la mise en scène de ce grand classique, tout en y apportant sa touche pleine d’humanité, laisse entendre le comédien Hébert, qui tenait à mettre en lumière le point de basculement de la société américaine, sous l’ère trumpiste. Et qui nous guette.

Car, faut-il le rappeler, la peine de mort est encore en vigueur dans plusieurs États sur le territoire de l’Oncle Sam tandis que le racisme et l’homophobie sont nourris par le résident de la Maison Blanche. Ce qui fait d’ailleurs dire à Jean-Bernard Hébert que le contexte sociétal du 21e siècle est le même que dans les années 1950. « C’est pareil », insiste-t-il, lui qui a vu plusieurs amis homosexuels quitter la Floride pour revenir vivre au Québec après le retour au pouvoir de Donald Trump.

Fort heureusement, le Québec n’a pas encore glissé dans les travers de certains Américains qui vivent dans la peur et s’arment. Élevé dans la petite municipalité frontalière de Saint-Alexandre, Jean-Bernard Hébert a souvent côtoyé des Latinos-Américains et n’a pas vu les situations décriées par les complotistes qui ont fait les beaux jours des réseaux sociaux des dernières années.

Il y a donc un message préventif derrière l’idée, pour lui, de ramener sur les planches cette pièce 25 ans plus tard. « En 2000, c’était la pièce classique que l’on regardait comme un album de famille. Mais là, en 2025, la photo est réelle. Ça se passe dans notre cours, ça se passe au Québec, ça se passe à New York, au Texas, en Floride, en Californie. Ce n’est plus juste une projection, c’est la réalité », martèle le comédien-producteur.

Mais encore. Quel est donc ce message si important qu’il justifie la tenue de cette deuxième pièce en 25 ans, d’une seconde version cinématographique en 1995 ?

Deux messages selon Jean-Bernard Hébert qui s’articulent ainsi : « Qui sommes-nous pour juger de la vie ou de la mort d’un homme, d’une part, et toute la notion de doute raisonnable qu’il faut remettre en question. Puis, qu’est-ce que l’on fait comme société pour aller au-delà des préjugés ? Essentiellement, c’est cela. »