La Géante, théâtre-musical en souvenir de l’inclassable Poune

Mais qui était-elle réellement ? Voilà le rendez-vous que vous propose toute la troupe de comédiens-chanteurs avec leur spectacle haut en couleur, à Saint-Jérôme.

Jade Bruneau est comédienne, metteure en scène et fondatrice et codirectrice générale et artistique du Théâtre de l’œil ouvert. Lorsqu’elle s’est intéressée à la Poune, elle ne savait pas grand-chose d’elle, malgré tout son bagage professionnel.

Rose Ouellette était une artiste d’un autre temps, avec une autre conception de l’art présenté sur scène, celle des revues en cabarets.

« Pour moi, la Poune c’était une vieille dame déguisée en matelot vue aux ByeBye dans différents costumes un peu décalés. J’avais très peu de connaissance de son immense legs, de son impact sur notre milieu culturel », admet d’entrée de jeu Mme Bruneau, dont la compagnie théâtrale s’est justement donnée pour mission de mettre en valeur les grands artistes québécois, le patrimoine québécois, sous le prisme du théâtre musical.

Du théâtre et des chansons

Et que l’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit point d’une comédie musicale ou encore d’un spectacle entièrement chanté. La Géante, c’est d’abord et avant tout l’histoire de Rose Ouellette racontée puis agrémentée d’une partition musicale écrite et composée par Audrey Thériault. Une compositrice ayant le talent de produire des vers d’oreilles, assure Mme Bruneau, en ajoutant que la bande sonore de l’événement est disponible sur les plates-formes numériques et en format physique.

« Dans le théâtre musical, les chansons font avancer l’histoire. La dramaturgie est intimement liée à la musique. Les personnages parlent évidemment puis tout à coup se mettent à chanter et pas forcément sous forme de chansons (complètes). La raison pour laquelle les personnages chantent, c’est qu’avec la musique, on peut exprimer des choses que l’on ne peut exprimer avec seulement des mots. L’amour, par exemple. Chanter l’amour en trois minutes, ça donne plus d’émotions », explique Mme Bruneau en précisant qu’il s’agit d’un type de spectacle encore peu développé au Québec et à lequel s’intéresse particulièrement le Théâtre de l’œil ouvert.

L’histoire toute en émotions

Mme Bruneau assure que le concept de théâtre musical exige un long travail de préparation. Dans le cas de la Poune, il a fallu remonter loin dans les archives, l’artiste née en 1903 ayant démarré sa carrière à l’aube des années 1920.

Mais la metteure en scène qui travaille en intégrant un décor scénique qu’elle veut suggestif et émouvant, porte une grande attention à une couleur qui dominera l’ensemble de la composition. Après avoir exploré le rose avec Diane Dufresne avec Belmont, le bleu avec Clémence, elle visait le vert pomme, couleur de fraicheur, exprimant à la fois la douceur et le vivant, le choix de la metteure en scène s’est vite porté sur l’artiste Rose Ouellette, qui a marqué l’histoire culturelle à sa façon.

La Géante, c’est justement l’histoire d’une femme singulière, qui a vécu en couple avec une autre femme, Gertrude Bellerive, à une époque où l’homosexualité devait rester cachée. S’étant d’abord mariée, elle aura une fille puis une petite fille, Kathleen Verdon, qui a aidé la troupe de théâtre à approfondir leurs connaissances de son aïeule. Mais une bonne partie des devoirs avaient été faits, les archives s’étant montrées loquaces.

Talents sur fond vert

Mais revenons aux planches. Sur la scène du Théâtre Gilles-Vigneault, ce samedi, les spectateurs auront l’opportunité de découvrir huit comédiens chanteurs qui se démèneront sur scène, costumés et dans un décor aux teintes vertes : Gabrielle Fontaine dans le rôle de La Poune, Jade Bruneau en Gertrude Bellerive, puis Simon Fréchette-Daoust, Rita Tabbakh, Christian Laporte, Emmanuel Frappier, Stéphanie Arav-Clocchiatti et Philippe Robert. Du côté musical, ils seront accompagnés par Marc-André Perron, Mathieu Bourret et François Marion.

Jade Bruneau insiste, La Géante est un spectacle grand public qui saura accrocher l’intérêt de toutes les générations, même de celles qui n’ont pas connu l’artiste. « Il y a tout un mouvement féministe qui amène les jeunes à venir nous voir, mais aussi tous les fans de théâtre musical. On ratisse pas mal large en termes de public. Et les gens découvrent qui était Rose Ouellet, son immense impact, et aussi l’histoire du Québec. Parce qu’à travers l’histoire de Rose Ouellette, on traverse tout un siècle. »