Le député critique avec véhémence la gestion de l’offre qu’il compare à un « cartel » qui désavantage les consommateurs au profit des grandes entreprises agricoles. Il affirme clairement vouloir la fin de ce système qu’il qualifie de « collusion légalisée par l’État ». Selon lui, ce système n’est pas seulement collectif, mais « coercitif », et représente « une politique d’un autre siècle ».
« La gestion de l’offre, c’est un système catastrophique, qui n’aide pas l’agriculture et qui n’aide certainement pas les jeunes agriculteurs qui veulent se tailler une place et partir en affaires. C’est vraiment un cartel. On s’entend pour les prix, donc c’est un cartel comme il y en avait dans la construction », critique Youri Chassin.
Une motion presque unanime loin d’être malintentionnée
Youri Chassin affirme qu’il ne met pas en doute la bonne foi de ses collègues à l’Assemblée nationale dans leur soutien majoritaire à la gestion de l’offre. Néanmoins, il soutient que cet appui révèle une méconnaissance des effets néfastes du système. Pour lui, la gestion de l’offre place les producteurs agricoles en opposition directe avec les consommateurs. Ce modèle crée un clivage entre intérêts agricoles et ceux de la population.
Cela fait plus d’une décennie que Youri Chassin se positionne contre la gestion de l’offre. Selon lui, « il n’y a pas de façon de défendre la gestion de l’offre intelligemment » Le député s’appuie entre autres, sur le témoignage de Robert Gagné en commission parlementaire à l’Assemblée nationale le 7 octobre dernier sur le projet de loi 112 relatif au commerce interprovincial.
Le professeur titulaire en économie appliquée à HEC Montréal prédit son autodestruction. « Il va arriver la même chose avec la gestion de l’offre qui est arrivée avec les permis de taxi, notamment à Montréal. C’est-à-dire qu’éventuellement, les contribuables vont devoir […] rembourser des producteurs, pour racheter leurs quotas ».
Il affirme que « la gestion de l’offre, ce n’est pas la panacée que tout le monde vend maintenant » ironisant sur le fait que le système semble être présenté comme « la meilleure chose depuis l’invention des boutons à quatre trous ».
Un fardeau imposé aux consommateurs
M. Chassin insiste sur l’impact de la gestion de l’offre, expliquant que « quand on parle d’un meilleur prix pour les producteurs, ça veut dire un prix plus élevé pour les consommateurs, et de manière indiscriminée, y compris les gens les plus pauvres ». Il souligne que les produits concernés — les œufs, le lait, la volaille et le poulet — sont des aliments de base que les Canadiens et les Québécois paient plus cher à cause de ce système.
Il dénonce le fait que la société entière, y compris ceux qui ont de la difficulté à payer leur panier d’épicerie et ceux qui vivent de l’insécurité alimentaire, doit assumer ce surcoût pour subventionner indirectement des entreprises agricoles.
« On fait payer tout le monde dans notre société, y compris ceux qui ont de la difficulté à payer leur panier d’épicerie » — Youri Chassin, député indépendant
Il estime que les partis politiques trouvent plus facile de « faire plaisir aux lobbies des agriculteurs » qui peuvent se mobiliser, mais oublient « tous ceux qui ne se mobiliseront pas parce qu’ils paient leur panier d’épicerie plus cher ».
Réforme
M. Chassin propose de mettre fin à la gestion de l’offre en s’inspirant du modèle des permis de taxi. Le gouvernement fixerait, selon l’économiste, la valeur des quotas et les rachèterait selon une formule établie, dans une démarche « ordonnée, claire et transparente ». Une fois libérés du système actuel, les producteurs pourraient diversifier leurs activités.
Il prend en exemple la chaîne Saint-Hubert qui pourrait avoir ses propres poulaillers avec des méthodes d’élevage distinctives, ou que les producteurs laitiers pourraient vendre à différents clients plutôt qu’à un seul transformateur.
Pour lui, de nombreux secteurs démontrent déjà qu’il est « tout à fait possible d’être rentable, innovant, et compétitif » sans dépendre d’un marché uniforme contrôlé par « un seul gros cartel ».
« La disparition totale du système devra de toute manière se faire avec une action gouvernementale annoncée, transparente et malheureusement coûteuse pour les contribuables. Je veux qu’on soit capables d’en sortir une fois pour toutes », conclut le député.
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