Lors d’une inspection effectuée le 10 janvier dernier et d’un avis transmis par huissier le 14 janvier 2025, plusieurs faits ont été constatés, notamment que l’entreposage extérieur de vêtements et de bottes, ce qui est prohibé.
Dans cette même lettre, il lui était demandé de nettoyer complètement le terrain, de déplacer les articles dans un endroit prévu à cet effet, et de cesser tout entreposage contrevenant aux règlements municipaux. Il devait se conformer dans un délai de sept jours, faute de quoi la Ville entreprendrait les procédures légales appropriées.
Obligé de démanteler
En conséquence, Yannick a procédé au démantèlement de son installation et a remis la majorité des dons à des organismes qui redistribuent directement les vêtements, plutôt que de les revendre. Il a conservé une vingtaine de sacs pour continuer à venir en aide à des personnes éloignées, vivant dans des bois, sous des ponts, ou dans d’autres lieux qu’il connaît bien.
Yannick avait installé devant chez lui un « rack » avec un panneau indiquant : « Tu as froid, prends-le. Tu as chaud, donne-le. » L’an dernier, la Ville de Saint-Jérôme avait déjà ordonné son démantèlement, sous peine d’amendes de 900 $ par jour. Malgré ces menaces, Yannick avait remis en place son fameux « rack » pour les temps froids.
« J’avais fait une promesse à certaines personnes que ce serait disponible pour Noël, j’ai respecté ma promesse. Malheureusement, je ne peux pas continuer à cause de la Ville. C’est vraiment décevant », déplore-t-il.
Avec cette initiative, Yannick invitait les gens à donner des vêtements chauds qu’il redistribuait aux personnes en situation d’itinérance. Ce projet favorisait aussi le contact humain et contribuait à démystifier les préjugés envers les personnes dans le besoin.
“On se revoit l’année prochaine”, Yannick Perron
Ce kiosque, qui offrait des vêtements gratuits à toute heure du jour et de la nuit, était toujours propre, selon Yannick. « Les gens prennent ça à cœur », ajoute-t-il, visiblement très déçu.
Rappelons que lors de la séance du conseil municipal du 20 février 2024, des citoyens furieux avaient exprimé leur mécontentement avec une telle intensité que le maire avait dû quitter la salle à deux reprises, et des policiers avaient raccompagné certains élus jusqu’à leur voiture. Ces citoyens récidiveront-ils cette année?
« On se revoit l’année prochaine! » conclut Yannick Perron.
La Ville de Saint-Jérôme s’explique
La ville de Saint-Jérôme donne les raisons qui les ont poussés à demander à Yannick Perron de démanteler son installation. Marie-Ève Proulx, directrice adjointe du service des communications et des relations avec les citoyens à la Ville de Saint-Jérôme, a répondu à nos questions par courriel.
Mme Proulx explique que M. Perron n’a pas reçu de constat d’infraction, mais plutôt deux avis pour l’aviser que son installation contrevient à la réglementation municipale en matière d’empiétement sur l’emprise publique, d’entreposage et d’affichage, avec un délai pour corriger la situation.
En effet, l’entreposage de vêtements, d’objets ou de matières sur l’emprise publique ou encore en façade de la propriété est interdit sur le territoire de la ville de Saint-Jérôme. La réglementation s’applique à tous et constitue une mesure de protection des intérêts collectifs et de l’ordre public. Il serait en effet impensable de permettre un tel usage qui, en plus de présenter un risque en matière de sécurité, peut être insalubre et constitue une nuisance pour les résidents du secteur. La Ville a d’ailleurs reçu de nombreuses plaintes du voisinage quant à cette installation, et il est de son devoir de répondre aux citoyens lorsqu’une infraction à la réglementation est constatée.
Cela dit, M. Perron et tous les citoyens qui souhaitent aider les gens dans le besoin peuvent facilement faire des dons aux organismes communautaires qui s’assureront de bien encadrer la distribution de vêtements. Deux services de distribution de vêtements sont d’ailleurs offerts à La Hutte et à l’église Sainte-Paule. Ils sont d’ailleurs voisins immédiats de l’endroit où se trouvait l’installation de M. Perron. Les personnes en situation d’itinérance ont ainsi accès à un service de qualité et supervisé qui offre des vêtements propres et en bon état à ceux qui en ont besoin.
MOTS-CLÉS
Saint-Jérôme
St-Jérôme - Itinérance
Rack à Yannick
solidarité