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Des citoyens au conseil de ville pour le « Rack à Yannick »

Crédit photo : Marie Pier Lafleur –

Dossier itinérance : Des visions différentes pour une même cause.

Des citoyens au conseil de ville pour le « Rack à Yannick »

Publié le 31/01/2025

Plusieurs citoyens, incluant des personnes en situation d’itinérance, se sont rendus à l’hôtel de ville de Saint-Jérôme pour la séance du conseil municipal du 21 janvier dernier pour revendiquer le retour du « Rack à Yannick ».

Malgré une séance qui s’est globalement déroulée dans le respect, certains individus ont perturbé l’ordre en coupant la parole et en levant le ton. Les agents de sécurité et la police ont été appelés à intervenir pour escorter ces personnes hors de la salle afin de permettre le bon déroulement de la rencontre. Cela a tôt fait de rappeler des événements semblables ayant eu lieu le 20 février 2024 alors que le maire Bourcier avait interrompu la séance à deux reprises afin de rétablir l’ordre. 

La parole aux citoyens

Serge Leblanc et Stéphane Parent, membres de l’organisme Ligne de front Laurentides, ont suivi les procédures en prenant un numéro et en attendant leur droit de parole. Leur intervention, respectueuse, visait à mettre en lumière la situation précaire des personnes en itinérance.

M. Leblanc a rappelé qu’en 2024, 108 personnes en situation d’itinérance avaient été dénombrées à Saint-Jérôme, tout en soulignant que la hausse du coût de la vie accentue ce problème partout au Québec.

« Je veux que le “Rack à Yannick”, avec votre permission à tous, soit remis en place. C’est ça que je demande à la ville, » a-t-il déclaré.

M. Leblanc a aussi mentionné son intention de se procurer les règlements de la Hutte concernant les résidants et la halte chaleur pour mieux comprendre la situation. « On le sait qu’ils ont des règlements : pas d’alcool, pas de drogue, pas de chahut. C’est normal. Mais les sans-abri ne sont pas tous des gens ordinaires comme vous et moi, et ça peut être difficile pour eux de se conformer à ces règles, » a-t-il ajouté.

Il a aussi comparé les services offerts par l’église Saint-Paul, qui distribue des vêtements deux heures par semaine, avec le « Rack à Yannick », accessible 24 h sur 24, sept jours sur sept.

Hommes prenant la parole lors de la séance du conseil municipal de Saint-Jérôme
Serge Leblanc qui prend la parole en compagnie de Stéphane Parent de Ligne de Front Laurentides.
Crédit photo : Marie Pier Lafleur

Yannick Perron

Bien que Yannick Perron n’était pas présent au conseil municipal, il a regardé la webdiffusion. Il a exprimé sa déception face aux réponses de la ville. « Je suis en bons termes avec la Hutte et avec les policiers, et je serais prêt à collaborer si ça peut aider les sans-abri, » a-t-il affirmé.

La ville de Saint-Jérôme

Dominic Boyer, conseiller municipal et maire suppléant en l’absence du maire Marc Bourcier, a présidé la séance. Il a abordé deux sujets principaux : l’itinérance en période de grand froid et la question du « Rack à Yannick ».

Dominic Boyer, conseiller municipal et maire suppléant.
Crédit photo : Marie Pier Lafleur

Itinérance en période de grand froid

M. Boyer a reconnu que l’itinérance est un problème régional qui dépasse les compétences de la ville. « On aimerait les aider et on veut les aider, mais on va les aider dans la limite où on peut les aider, » a-t-il expliqué.

La Hutte offre actuellement 50 places à la halte chaleur. Si celle-ci est pleine, les intervenants peuvent diriger les gens vers d’autres ressources, comme l’hôpital ou le CLSC. « Nous, la ville, ce qu’on donne comme commande, c’est qu’il n’y a personne à Saint-Jérôme qui va coucher dehors s’ils ne veulent pas coucher dehors. Donc si vous voyez des gens qui couchent dehors, faites le 911 et on va s’en occuper, » a-t-il ajouté.

Le « Rack à Yannick »

Sur la question du « Rack à Yannick », M. Boyer a souligné que les règlements municipaux doivent s’appliquer à tous. « On ne peut pas commencer à faire une exception, puisque tout le monde va demander des exceptions, » a-t-il déclaré.

La ville a reçu de nombreuse plainte, de gens qui trouvaient ça inapproprié, des gens qui ne connaissent pas nécessairement l’itinérance et qui ont peur, parce qu’il y avait des attroupements, Dans ce cas, la ville se doit de répondre adéquatement à ces plaintes, soutient M. Boyer.

Yannick Perron n’a pas reçu de contraventions, il a plutôt reçu des avis par la ville à plusieurs reprises pour se conformer aux règlements, la police l’a avisée et a essayé de discuter avec lui et chaque fois ça s’est très mal passé, indique M. Boyer.

« À la base, on va se le dire, c’est bon ce qu’il fait, il essaie d’aider les gens. Il n’y a pas de problème avec ça, on n’est pas insensible, mais on est aux prises avec un règlement municipal qui l’interdit et qu’on doit faire respecter. » – Dominic Boyer.

Il a également noté que la Hutte, située à exactement 57 pas (qu’il a compté lui-même) de l’emplacement du « Rack à Yannick », offre des services similaires, mais dans de meilleures conditions. Plutôt que d’aller chercher du linge à l’extérieur, au froid et aux yeux de tous, il est possible de le faire à la Hutte, discrètement, au chaud et avec accès à des intervenants. « On n’a jamais été en mode confrontation avec M. Perron, on veut bien, mais la solution est juste à côté. », conclut Dominic Boyer.

La Hutte

François Savoie, directeur général de la Hutte, a confirmé que les vêtements offerts sont tous gratuits. « Les gens peuvent aller à la halte chaleur pour s’en procurer, et si elle est fermée, ils n’ont qu’à cogner à la porte. On leur permettra d’y accéder. »

En plus des vêtements, la Hutte offre la possibilité de prendre une douche, de laver ses vêtements et de manger un repas chaud. Les dons de vêtements sont triés, lavés et désinfectés avant d’être redistribués.

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